Plan stratégique 2015-2018: un projet dangereux pour les usagers, pour les missions et pour les personnels de Pôle emploi

Au CCE du 2 février 2015, la CGT Pôle-Emploi a lu une déclaration au sujet du plan stratégique 2015-2018:

La CGT Pôle emploi souligne plusieurs points importants dans le Plan stratégique 2015-2018 présenté par la DG.

L’abandon de l’objectif de répondre à tous les privés d’emploi qui ont besoin du service public de l’emploi: Pôle emploi n’accompagnera plus les demandeurs d’emploi qui seront considérés comme étant les moins éloignés de l’emploi. Ils seront orientés vers des Opérateurs privés de placement (OPP): ce choix privilégie l’intervention du secteur marchand financé par des fonds publics et confirme le renoncement à faire du service public l’outil de réponse aux besoins économiques et sociaux de l’ensemble des citoyens.

La mise en oeuvre de différents moyens destinés à réduire ce que la direction générale appelle « l’accueil subi » des usagers de Pôle emploi:
– réduction des horaires d’ouverture;
– renvoi des privés d’emploi vers l’auto-délivrance des services: utilisation des services informatiques en libre-accès, inscription à distance, dépôt et traitement des demandes d’allocations informatisés, mise en place de services de messageries électroniques destinées à se substituer à la réception des usagers par les personnels de Pôle emploi;
– développement du 100% Web comme mode privilégié de relations avec Pôle emploi;

Au nom de le recherche de la performance, la mise en place programmée d’un pilotage par les résultats s’appuyant largement sur un croisement avec les données issues des fichiers de l’URSSAF vise à construire les modèles permettant de comparer les performances obtenues entre agents et entre services qui font déjà des dégâts importants dans d’autres services publics ou des entreprises de droit privé. Il s’agit également de modéliser les moyens de comparer les « performances » respectives des OPP et de Pôle emploi avec comme objectif de renforcer la concurrence entre le service public et les opérateurs marchands.

Le renforcement du contrôle des chômeurs vise à faire porter la responsabilité d’un niveau de chômage particulièrement élevé sur les chômeurs eux-mêmes considérés soit comme des « décrocheurs» soit comme des fraudeurs.

Cette restructuration est une véritable régression du SPE qui accompagne les attaques contre l’inspection du travail et l’ensemble des services du ministère du travail, des Missions locales, de l’AFPA.

Les politiques d’austérité et les visées comptables de réduction de la dépense publique et des comptes sociaux sont le prétexte à une régression drastique de l’intervention publique et de la protection sociale.

L’insuffisance de moyens accordés à Pôle emploi pour rendre convenablement le service public, la volonté de réduire les interventions du service public lui même au profit du secteur marchand, une définition rabougrie des missions et des services proposés aux usagers de Pôle emploi, qu’il s’agisse des privés d’emploi ou des entreprises: ces caractéristiques font du Plan stratégique 2015-2018 présenté aujourd’hui au CCE un projet dangereux pour les usagers, pour les missions et pour les personnels de Pôle emploi.

Dans ces conditions, la CGT Pôle emploi a voté contre ce projet au CCE le 2 février 2015.

Mail.net ? Optimisation du contrôle ! Une pierre, deux coups : Contrôle du conseiller et contrôle de l’usager !

Le CCE était consulté ce 4 décembre sur le déploiement de MAIL.NET.
Pour expliquer son vote négatif sur ce projet dangereux pour les agents et pour les demandeurs d’emploi, la CGT a fait la déclaration suivante:

La levée systématique du consentement du conseiller et la diffusion de son adresse mail.net dans l’espace personnel du demandeur d’emploi dès son affectation comportent des risques : l’intégration systématique des échanges de mails et pièces jointes dans le dossier du DE n’est pas sans conséquence sur les règles de confidentialité (certificat maladie, évènements personnels).
La CGT conteste la sous-traitance du traitement de ce dossier à une entreprise privée ce qui contribue à la privatisation d’une partie des activités de la DSI de Pôle emploi, que nous condamnons.
Par ailleurs, pour la CGT, le déploiement de cet outil ne doit pas non plus se substituer au nécessaire et régulier dialogue entre le conseiller et le demandeur d’emploi pour établir ou réévaluer le diagnostic, et établir ou modifier le plan d’action. Le déploiement de cet outil ne doit pas se faire au détriment des missions d’accueil et de conseil des demandeurs d’emploi dans les sites de proximité.
Dans les faits, la dématérialisation des entretiens ne vient pas comme un outil supplémentaire à la main du conseiller, mais se substitue à la relation de face à face, pour une politique de rationalisation tendant à réduire le nombre d’agences de proximité, à l’instar d’autres services comme les CAF et CARSAT.
L’utilisation de mail.net, pour la DG, c’est un meilleur pilotage de l’activité des conseillers, pour la CGT ce n’est rien moins qu’un contrôle supplémentaire dont la DG refuse de préciser les caractéristiques.

En conséquence la CGT émet un avis négatif sur le déploiement de mail.net.

NB: Toutes les organisations syndicales ont voté contre ce projet de la Direction.

La modalité fermé-ouvert testée sur cinq agences – la CGT demande la consultation du CHSCT

La direction régionale a présenté le 30 janvier aux élus du comité d’établissement les tests sur la modulation des horaires.

Ces tests vont concerner cinq agences :

– Hayange et Longwy seront ouvertes en accès libre 27 heures par semaine

– Toul, Bar-le-duc et Gérardmer seront ouvertes en accès libre 20 heures par semaine.

En clair, Toul, Bar-le-duc et Gérardmer ne seront ouvertes que le matin jusqu’à 12h15 et recevront sur rendez-vous les après-midis (sauf le jeudi).

Hayange et Longwy fermeront vraisemblablement (malgré un démarrage du test prévu le 9 février, la direction régionale n’a pas été plus précise) à 12h15 deux jours par semaine en plus du jeudi. Elles recevront uniquement sur rendez-vous lors de ces deux demi-journées.

Pour accéder aux hypothèses d’horaires, cliquer ici

La modalité « fermé-ouvert » pose des problèmes évidents en matière de conditions de travail et de sécurité : faire rentrer les personnes convoquées tout en barrant la route aux personnes non convoquées risque de générer des tensions. On le sait pour l’avoir vécu certains jeudis après-midi où des ELD avaient eu la mauvaise idée de prendre des rendez-vous. Les élus avaient interpellé le précédent directeur régional qui avait fait stopper sur le champ ces initiatives.

D’autre part, les personnes qui n’auront pas été reçues reviendront très certainement et augmenteront les flux lorsque l’agence sera réellement ouverte. Sur Hayange et Longwy la baisse de 25% des horaires d’accueil du public devrait conduire à une augmentation de 33% du flux sans rendez-vous. Sur Toul, Bar-le-duc et Gérardmer, la baisse des horaires étant presque de la moitié, on peut s’attendre à un quasi-doublement du flux spontané les matins.

Or il n’est pas prévu de renforcer l’accueil, puisque l’objectif de ces nouveaux horaires est de « gagner » des plages GPF.

Les élus CGT ont demandé que ces tests, qui concernent environ deux cents collègues, fassent l’objet d’une consultation en CHSCT.

Le directeur régional a refusé. Il a « menacé » d’abandonner les tests si on l’obligeait à passer par une consultation des CHSCT. La CGT ne l’a pas pris comme une menace :

– non seulement dans l’immédiat ces tests mettent les collègues en danger,

– non seulement on est face à une réduction du service public,

– mais en plus la généralisation à toutes les agences de la modalité « fermé-ouvert » nous éloigne encore plus de ce que doit être un service public.

Personne, à part le directeur régional, n’avait donc rien à perdre à l’abandon des tests.

La CGT a donc maintenu sa demande.

Nous regrettons d’avoir été seuls à la formuler. Mais il est encore temps pour les autres organisations syndicales de prendre au mot le directeur régional et de demander avec nous la consultation du CHSCT sur ce projet qui met en danger les collègues de cinq agences lorraines. Si une majorité des élus l’avait demandé en votant une motion, il n’aurait pas pu s’y opposer.

Seules « concessions » du directeur régional : retarder d’une semaine le démarrage du projet et informer les élus CE fin février – donc après le démarrage du test – sur les horaires de chaque agence concernée. Non seulement, il refuse de consulter le CHSCT, mais de plus l’information des élus CE a été superficielle.

 

Télétravail : attention aux pièges…

Lors du CHSCT du 8 janvier 2015, la Direction a informé les élus d’une expérimentation.

Cette expérimentation (du 1e juin 2015 au 31 mai 2016) qui va commencer en Lorraine (et d’autres régions) concerne le télétravail (à ne pas confondre avec le télétravail prévu par l’accord TH pour les salariés handicapés).

Pour l’instant il ne s’agirait que d’un jour par semaine…

Si les arguments mis en avant par les employeurs promouvant le télétravail peuvent a priori séduire (moins de déplacement, moins de fatigue liée au déplacement, plus d’autonomie, meilleure conciliation entre vie familiale et activité professionnelle…), les agents susceptibles de s’engager vers cette modalité de travail doivent prendre en compte les points d’alerte suivants :

1/ Tous les rapports et études indépendantes menés sur le thème démontrent que le télétravail profite bien davantage à l’employeur qu’au télétravailleur : diminution des coûts de fonctionnement, gain de productivité (les télétravailleurs accomplissent généralement plus d’heures de travail…),

2/ Le télétravail est facteur de risques importants pour les salariés concernés: davantage de stress lié à une charge de travail plus grande car plus difficilement contrôlable, temps de travail ayant tendance à déborder sur le temps de vie privée, risque d’isolement, etc.

3/ L’expérimentation engagée en Lorraine comporte de nombreux flous (nomenclature et périodicité des activités, gestion des accidents de travail, responsabilité en cas de perte de documents, prise en charge par Pôle Emploi du surcoût d’assurance habitation, etc.) ainsi que des modalités choquantes (la prise en charge des remboursement de coûts liés au télétravail –abonnement internet/électricité- est prévue différemment pour les agents publics et les salariés privés !!!???…)

Si cette expérimentation était considérée comme concluante par la DG, une négociation avec les OS et un accord seraient nécessaires.

Déploiement des conseillers dédiés à la relation entreprise: un pas de plus vers la casse des métiers…

Le « coeur de métier » définitivement brisé !

Au CHSCT du 8 janvier 2015 les élus ont été informés du bilan d’une expérimentation « Conseillers dédiés à la relation entreprise » et des modalités de sa généralisation en Lorraine. Lors de la consultation au CHSCT du 22 janvier les élus ont adopté une motion demandant un report.

La  Direction jette aux oubliettes le métier du placement avec l’intermédiation comme « cœur de métier » :

-Chaque conseiller sera amputé d’une moitié de son métier:  certains ne feront de A à Z que des actes métiers liés à l’entreprise (et n’auront plus de portefeuille de DE), d’autres ne s’occuperont que des DE (sans plus aucun contact avec les actes métiers « entreprise », et avec des portefeuilles plus gros puisqu’ ils récupéreront les DE des conseillers qui se consacreront désormais à l’entreprise).

La proportion indiquée par la DR est d’environ 7 conseillers dédiés entreprises pour une agence moyenne de 35/40 agents.

-la DR a opté pour l’organisation en équipes dédiées (composées que de conseillers dédiés entreprise) plutôt que d’équipes composites.

-Le déploiement va concerner une agence par territoire d’ici fin mars 2015 (Lunéville, Verdun, Sarreguemines, Remiremont), puis généralisation progressive d’ici fin juin 2015.

La Direction fait un pas de plus dans la casse de nos métiers commencée avec la fusion, la mise en place de l’EID, et Pôle-Emploi 2015.

Cette nouvelle organisation absurde (comment conseiller efficacement lorsqu’on ne « marche plus que sur une jambe » ?) est synonyme de perte de sens et de compétences.

C’est aussi un formidable gâchis en terme de gestion RH : plutôt de d’exploiter au mieux les compétences de ses personnels, et de les promouvoir, l’Etablissement foule au pied les qualifications et compétences, acquises souvent par des années d’expérience.

La DR sous-estime gravement l’impact de cette organisation sur les conditions de travail et la santé des conseillers, ainsi que les blessures psychologiques découlant de l’amputation des compétences et des qualifications acquises.

Pour la CGT cette orientation vise évidemment à faciliter la possibilité de confier à terme la relation entreprise à des opérateurs privés…

CDD ou périodes d’essai déguisées ?

Il est légitime que les collègues en CDD soient prioritaires pour les recrutements en CDI. Le consensus est très large sur ce point.

La question posée est celle de la précarité d’une partie du personnel de Pôle Emploi. Il n’est pas acceptable que le CDD serve de période d’essai déguisée. C’est pourtant ce qui se passe à Pôle Emploi.

Officiellement les collègues en CDD sont recrutés pour remplacer des agents absents (pas tous, loin de là) ou pour surcroît d’activité comme le prévoit la loi.

Le besoin de remplacement est un besoin permanent dans un établissement comme Pôle Emploi. À l’échelle de notre région (plus de 1800 agents répartis sur plus de 50 sites) ce besoin reste un besoin permanent : il y a en permanence des collègues absents ou indisponibles pour congés maladie, congés maternité, congés individuels de formation, etc.

Dans les agences, la politique de précarité des directions ont des conséquences graves pour les usagers, pour les collectifs de travail, et pour les collègues en CDD :

– mettre face au public, comme on l’a vu, des collègues en CDD recrutés depuis quelques jours est un manque de respect total vis-à-vis de ces collègues et vis-à-vis du service dû aux usagers

– la formation des nouveaux recrutés en CDD repose essentiellement leurs collègues en CDI qui doivent recommencer périodiquement à former un ou plusieurs nouveaux recrutés en CDD

– la perspective du CDI est agitée par les directions qui mettent ainsi les collègues en CDD en concurrence sachant que peu d’entre eux l’atteindront. Cette mise en concurrence a des effets délétères sur les collectifs de travail

– les choix des directions quant à savoir qui sera CDIsé ou pas sont souvent mal compris par les collectifs de travail. D’autant plus quand les collègues étaient reçus aux tests MRS puis refoulés aux entretiens.

Le directeur régional a annoncé à plusieurs reprises qu’il souhaite donner plus de pouvoir aux directions locales dans les recrutements. Il n’est pas certain que ce soit une bonne nouvelle.

Il est plus que temps d’en finir avec cette politique de précarité à Pôle Emploi.

Avec la CGT revendiquons des créations de postes en CDI !