Hervé Chapron, ex-directeur général adjoint de Pôle emploi, membre du comité directeur du Craps (Cercle de recherche et d’analyse sur la protection sociale) et Michel Monier est l’ex-directeur général adjoint de l’Unédic, plaident ensemble pour une régionalisation de Pôle emploi… ce qui confirme le potentiel pouvoir de nuisance des « ex », chacun en conviendra…
Et nous revoilà avec ce vieux (et dangereux) serpent de mer de la régionalisation de Pôle emploi…
Pour les deux « ex », Pôle emploi a progressé; c’est indéniable. « À preuve, le sujet de l’accompagnement des chômeurs pour le retour à l’emploi est étrangement absent des débats. Du grand débat national et de celui sur l’assurance-chômage. Il reste néanmoins objet de critiques. Au-delà de son efficacité par rapport à son coût, la taille des portefeuilles est toujours inégale à travers les territoires, renforçant ainsi les inégalités, particulièrement s’agissant des chômeurs de longue durée. Il faut donc saluer la demande de régionaliser Pôle emploi, qui n’est pas nouvelle, et la soutenir pleinement… »
ben voyons !!!…
« Dix ans après sa création, Pôle emploi est, aujourd’hui, prêt à être régionalisé. Répondre favorablement à cette demande émanant légitimement des régions, mais rejetée lors des discussions sur la loi NOTRe ce serait donner une belle réponse aux territoires qui se sont exprimés, dans les conditions que l’on sait. Ce serait une respiration démocratique, inscrire l’emploi dans des circuits courts, croire après tant d’années de verticalité à l’horizontalité des solutions…
Mais ce serait d’abord prendre enfin en compte que l’emploi ne se satisfait plus aujourd’hui d’une réponse venue d’en haut, technocratiquement définie entre Bercy et la rue de Grenelle. Il n’est que de voir le caractère subsidiaire de cette convention entre l’État, l’Unedic et Pôle emploi quand elle aborde les régions. Et pourtant n’ont-elles pas vu leur rôle affirmé avec la loi NOTRe ? »
Politique régionale
« Il convient aujourd’hui de tirer toutes les conséquences de cette loi, achever son processus en poursuivant une décentralisation économique trop timide.
Les grandes entreprises développent leur politique nationale. En toute autonomie. Les PME et les TPE développent leur politique dans leurs territoires. Les régions pilotent les plans régionaux et financent des formations. Pôle emploi reste, à ce jour… national, confinant trop son rôle dans la recherche d’une optimisation administrative.
Si le ministère ne commente plus chaque mois la statistique du chômage, l’information reste nationale, seulement détaillée par catégorie et classe d’âge : rien sur le chômage par région ! Que veulent dire 8 % quand les Hauts-de-France sont à 11,9 %, les Pays de la Loire à 7,6 % et la Guadeloupe à plus de 20 % ? »
Pour nos deux « ex », il est temps de donner une réalité opérationnelle aux politiques pour l’emploi, en donnant aux régions la main sur la définition de politiques qui soient précisément dictées par un constat et des objectifs au plus près des besoins des employeurs locaux et des compétences de proximité.
« Donner, comme en Allemagne, comme partout en Europe, aux régions la responsabilité du corollaire de la stratégie économique c’est-à-dire l’emploi à travers l’accompagnement des demandeurs d’emploi.
Si « on a tout essayé contre le chômage », il faut aujourd’hui convenir que la régionalisation, elle, n’a pas encore été essayée ! Et pourtant de nouvelles approches se développent avec succès, échappant à l’État, telles que les territoires zéro chômeur de longue durée.
Le pari de la responsabilité
Régionaliser Pôle emploi, ce sera plus encore veiller à ce que les mobilités inter-régions soient coordonnées, facilitées. Une politique régionalisée ne devra pas fermer la porte au chômeur qui répondra à une offre hors de sa région. C’est là que le Pôle emploi national aurait un rôle de régulateur davantage que d’opérateur. Ce rôle reste à inventer.
Régionaliser l’accompagnement à l’emploi n’est pas régionaliser l’indemnisation du chômage : son financement est national, les conditions de l’indemnisation doivent continuer à relever d’une règle nationale et affirmer ainsi leur caractère assurantiel et interprofessionnel.
Faisons donc le pari de la responsabilité des régions en tirant lucidement les leçons de l’inefficacité des politiques pour l’emploi. En introduisant de la proximité, en inventant comme le diraient nos agriculteurs des circuits courts !
Le fonctionnement dicté par de seuls objectifs d’homogénéité de la gestion est à bout de souffle. Ouvrir Pôle emploi sur des réalités de terrain qu’il perçoit insuffisamment aujourd’hui, confier le service public de l’emploi aux régions et non au seul représentant de l’État qu’est le préfet de région, tel doit être un des axes d’une politique de décentralisation économique !
Régionaliser Pôle emploi, c’est remettre en question non seulement la structure de cet établissement public, c’est aussi demander à sa gouvernance, les partenaires sociaux notamment, d’abandonner leur centralisme pas toujours démocratique. L’abandonner au bénéfice de leurs structures régionales… qui disent n’être pas toujours bien entendues à Paris. Peut-être serait-ce là une opportunité de nourrir aussi une représentativité adaptée à ce nouveau monde qui naît. »
Voilà pourquoi, selon les deux « ex », il faut régionaliser Pôle emploi : pour des politiques pour l’Emploi qui soient au plus près des besoins, pour reconnaître une juste responsabilité aux élus régionaux et aux partenaires sociaux régionaux et pour participer ainsi à reconstruire du lien… et recentrer un niveau national sur la régulation et non plus sur l’opérationnel !
Et l’égalité des usagers devant le service public, ils en font quoi ces « ex » ? (car entre régions, il y a déjà, et il y aura encore, d’importante divergences de politiques et de moyens mis en oeuvre…), ils ne savent pas ça les « ex » ?
Et on s’en fout que ça existe dans d’autres pays…
Et quand est-ce qu’on va nous ficher la paix ???
Y’a comme ça des gens qui nous pourrissent la vie même quand ils ne sont plus là… DU BALAI LES « EX »!!!
(Source: les Echos) »