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La CGT saisit la Justice contre la réforme de l’Assurance Chômage.
Cette réforme « pour la précarité » (pour citer le lapsus très révélateur de la ministre du travail Muriel Pénicaud) a été imposée par le gouvernement, dans le mépris le plus complet des organisations syndicales et dans l‘indifférence totale des conséquences désastreuses que ces nouvelles règles auront sur les plus précaires.
Quasi disparition des droits rechargeables, passage de 4 à 6 mois des seuils d’ouverture des droits, nouvelle formule de calcul des indemnités prenant en compte les jours non travaillés, dégressivité des allocations pour les cadres…
Toutes ces mesures régressives visent à respecter l’exigence gouvernementale de faire 3,4 milliards d’euros d’économie en 2 ans. Cette « nécessité » d’économie, le gouvernement la fait peser exclusivement sur les plus précaires, les jeunes, les femmes, les seniors et, ce, dès le 1er novembre prochain.
La conséquence ? 50 % des allocataires seront touchés, soit parce qu’ils n’ouvriront pas de droits, soit parce qu’ils les ouvriront plus tard, soit parce que leur indemnité sera diminuée drastiquement. Au total, cela fait 1,3 million de perdants, selon les estimations de l’Unédic elle-même.
En contrepartie, les entreprises se verront imposer un bonus-malus au rabais, s’appliquant à une minorité d’entre elles et sans réels effets dissuasifs sur le recours aux contrats courts…
La CGT ne peut pas accepter cette réforme de la misère ! Nous nous opposons à la politique gouvernementale qui consiste à culpabiliser les privés d’emploi, à faire peser les restrictions budgétaires sur les plus précaires d’entre eux et à accroître la pauvreté.
Pour toutes ces raisons, la CGT engagera un recours contre le décret du 26 juillet 2019 et se réjouit que plusieurs organisations (CGC, FO et Solidaires) aient déjà pris la même décision.
Pas plus sur l’assurance chômage que sur les retraites, nous ne laisserons le gouvernement détruire la protection sociale dont nous avons toutes et tous besoin !
0,7% d’augmentation de l’allocation chômage : mépris du patronat !
Le conseil s’est tenu alors que le gouvernement vient d’annoncer des économies drastiques sur l’assurance chômage qui transforment radicalement la nature de ce pan de la protection sociale.
Les mesures annoncées vont s’appliquer uniquement au détriment des allocations des chômeurs.
Alors que seulement 43% des travailleurs privés d’emploi inscrits à Pôle Emploi sont actuellement indemnisés, ce taux pourrait chuter à 35%, soit environ 1 chômeur sur 3.
La CGT a dénoncé le contexte dans lequel s’est tenu le Conseil :
- suppression de l’accès aux droits pour 300 000 personnes ;
- dégressivité des allocations des cadres (prélude à sa généralisation à tous les allocataires) ;
- baisse violente des allocations pour 500 000 travailleurs précaires au 1er avril 2020.
Le gouvernement mène une guerre aux travailleurs, aux chômeurs, aux pauvres, bref à toutes celles et tous ceux qui cherchent un travail stable et sont privés de ce droit.
Ces réformes visent les jeunes, les femmes, les seniors et, plus généralement, les travailleurs qui subissent déjà la précarité.
La CGT a dénoncé la complicité des organisations patronales (Medef, CPME, U2P) avec le gouvernement ; en dehors de la dégressivité des indemnités des cadres, presque toutes les mesures annoncées par le gouvernement sont inspirées par les propositions patronales lors de la négociation impossible de novembre 2018 à février 2019.
Le patronat fait semblant de s’offusquer d’un bonus/malus symbolique mais le Medef joue avec le feu, en menaçant l’existence même de l’Unédic.
De même, le patronat a mené un odieux chantage à la revalorisation des allocations, avec les mêmes arguments : des allocations « trop généreuses » seraient nuisibles à la capacité à accepter un emploi…
La CGT a revendiqué, au contraire, d’appliquer une augmentation de 10 euros, par jour, pour les allocataires.
Après avoir proposé 0,5% d’augmentation, le patronat a royalement monté son ultime proposition à 0,7%, donc en dessous de l’inflation.
L’ensemble des organisations syndicales s’est abstenu pour ne pas empêcher cette minuscule augmentation. La polémique sur la baisse de 5 euros des APL montre que la CGT ne pouvait pas bloquer une revalorisation même insuffisante.
La CGT dénonce cette nouvelle preuve du mépris patronal à l’encontre des travailleurs, avec ou sans emploi.
La CGT appelle à amplifier les mobilisations pour une protection sociale de haut niveau (assurance chômage, retraites, etc.), à faire barrage aux décrets que le gouvernement entend prendre en douce pendant l’été.
Chômage VS travail: les fausses nouvelles du gouvernement, ou l’art de manipuler…
Depuis quelques semaines, les membres de l’exécutif martèlent qu’un chômeur sur cinq gagnerait plus au chômage qu’en travaillant. Un chiffre en réalité issu d’une illusion statistique qui est utilisée par le gouvernement pour justifier sa réforme de l’assurance chômage.
le Premier ministre et la ministre du Travail affirmaient qu’un chômeur sur cinq gagnerait plus au chômage qu’en travaillant. Une information reprise depuis par de nombreux membres du gouvernement et de la majorité. Or celle-ci Il relève pour le moins d’une forme de torsion du réel, habilement mobilisée par l’exécutif pour légitimer sa réforme à venir de l’assurance chômage. Il faut dire que le gouvernement a pour objectif de tailler dans les dépenses liées à l’assurance chômage afin d’effectuer 4 milliards d’euros d’économies en trois ans.
L’une des principales pistes examinées pour y arriver est ainsi de diminuer les allocations journalières versées aux salariés les plus flexibles et les plus intermittents. Les plus précaires aussi. Le meilleur moyen de faire accepter cette réforme reste alors de montrer que ces travailleurs ponctuels sont des privilégiés qui profitent des largesses d’un système par évidence trop généreux.
Or dire que 20% des chômeurs toucheraient une allocation supérieure à la moyenne de leurs revenus est pour le moins contestable. C’est d’ailleurs ce qu’explique le sociologue spécialiste du travail Mathieu Grégoire, qui qualifie cet indicateur « d’un chômeur sur cinq » de fausse information. En effet, les chiffres mobilisés par le gouvernement s’appuient sur des données datant de 2015 à 2017, or les règles ont changé en 2017 pour réduire les allocations versées aux salariés les plus intermittents. Pour le sociologue, ce chiffre relève surtout d’une forme de manipulation statistique assez troublante.
Un article de Médiapart sur le même sujet nous explique ainsi que pour arriver à ce résultat, le gouvernement a choisi de comparer des indicateurs absolument incomparables. L’exécutif a ainsi utilisé d’un côté la moyenne mensuelle des salaires touchés pendant l’ensemble des mois travaillés. Peu importe que durant ces mois la personne ait travaillé une seule journée ou 20 jours.
Ce chiffre a ensuite été comparé au montant de l’allocation chômage versée au demandeur d’emploi pendant un mois complet. Or justement, les deux périodes n’ont rien à voir : si un de ces travailleurs intermittents a travaillé en tout et pour tout l’équivalent de quatre mois, il ne sera indemnisé ensuite par Pôle Emploi que pendant quatre mois.
En clair : si un salarié n’a travaillé que quatre mois sur une année, il faut aussi prendre en compte les périodes où il n’a rien touché du tout. On comprend aisément que les chiffres ne seront alors pas les mêmes. L’Unedic a d’ailleurs adopté ce mode de calcul -bien plus logique- et ne trouve que 4% des allocataires qui touchent effectivement plus au chômage qu’en travaillant. Et pour cause! Le système même de l’assurance-chômage a été élaboré pour qu’il soit plus avantageux de travailler que de chômer.
Pourtant l’illusion ne s’arrête pas là. Le sociologue Mathieu Grégoire explique que le gouvernement, pour arriver à ce chiffre, s’est servi d’une autre incongruité statistique, permettant d’attribuer à ces travailleurs-intermittents des salaires artificiellement bas. Un salarié travaillant 6 mois d’affilée pour 6000 euros, par exemple, représente une moyenne de 1000 euros par mois. Logique
Mais le même salarié alternant chômage et travail, avec des contrats débutant le 15 du mois, serait alors considéré comme ayant travaillé pendant douze mois et se verrait attribuer une moyenne mensuelle de 500 euros seulement. Une absurdité logique pourtant allégrement reprise par le gouvernement.
Un tour de passe-passe économique et statistique pour valider sa propre politique qui, ce faisant, réactive ce vieux mythe de l’opposition entre les travailleurs qui se lèvent tôt et ces vilains assistés qui préfèrent se prélasser plutôt que travailler…
(Source France Culture)
Assurance-chômage: la Cour des comptes s’attaque à certaines règles d’indemnisation et donne un « coup de pouce » au gouvernement…
La Cour des Comptes, juge de la régularité des comptes et de l’utilisation de l’argent public , mais qui ne cesse désormais d’avoir des avis sur tout, vient de rendre public un référé qui n’a pas manqué de faire réagir.
Voilà un document que l’exécutif ne manquera pas de brandir pour défendre sa réforme controversée de l’assurance chômage face aux plus sceptiques, à commencer par les syndicats. Dans un référé publié ce mercredi, la Cour des comptes a en effet fustigé certaines règles d’indemnisation qui «s’avèrent inefficientes, voire inéquitables, et complexes pour les allocataires».
S’invitant à point nommé dans le débat du moment sur le sujet (éminemment sensible), la Cour des Comptes y va de son couplet sur « les droits rechargeables et l’activité réduite » en préconisant de revoir les règles d’indemnisation pour les personnes qui sont inscrites à Pôle emploi et exercent par ailleurs une activité. Mais certaines des solutions mises en avant dans le référé passent très mal, du côté des syndicats.
Le sujet est sensible car ces règles s’appliquent bien souvent aux travailleurs précaires
La Cour des Comptes s’attaque en particulier aux règles permettant de cumuler un salaire et une allocation qui sont dans le collimateur de l’exécutif. Car si leur but est de favoriser la reprise d’emploi, le gouvernement estime qu’elles peuvent également enfermer les individus dans la précarité en alternant des contrats très courts et une indemnisation, voire ne pas les inciter à retrouver un emploi durable.
Dans son référé, la Cour estime que dans un certain nombre de cas limités, ces règles peuvent donner lieu à des «stratégies d’optimisation» et traitements inéquitables entre les individus. Les magistrats ciblent plus précisément «l’activité conservée» qui permet à un salarié exerçant plusieurs activités et qui en perd une, de percevoir une allocation en plus de ses revenus. Le sujet est sensible car ces règles s’appliquent bien souvent aux travailleurs précaires comme, par exemple, les assistantes maternelles. Le problème pointé du doigt? Le salarié peut parfois cumuler l’intégralité de l’allocation à laquelle il a droit avec ses autres revenus d’activité. Le montant total des revenus d’activité n’est pas pris en compte et aucun plafond n’est prévu pour cette indemnisation. Résultat: cela peut conduire ces salariés «à bénéficier d’un revenu global très proche d’une activité à temps plein en cumulant revenu d’activité et revenu du chômage», affirmait déjà le gouvernement en septembre dernier, dans sa lettre de cadrage adressée aux syndicats et au patronat pour mener leur négociation sur cette réforme et qui a échoué fin février.
«Les règles d’indemnisation demeurent trop favorables aux contrats de moins d’un mois»
Les magistrats examinent également l’impact des règles encadrant les «droits rechargeables», qui permettent d’allonger la période d’indemnisation des chômeurs qui multiplient les petits «jobs», ainsi que les modalités de calcul du montant de l’indemnisation. Et leur conclusion est très claire: «les règles d’indemnisation demeurent trop favorables aux contrats de moins d’un mois».
Pour rectifier le tir, la Cour recommande d’harmoniser les modalités d’indemnisation des chômeurs en activité réduite. Enfin, elle préconise de revoir les dispositions relatives à l’accompagnement des chômeurs par Pôle emploi pour éviter l’enfermement de bon nombre d’entre eux dans l’activité réduite.
Assurance chômage: qui est vraiment responsable de l’échec ?
Après «l’échec» de la négociation assurance chômage, Denis Gravouil, dirigeant de la CGT, nous explique les dessous de ces négociations, ainsi que les mobilisations à venir.
Alors que la lettre de cadrage du gouvernement, dès le début de la négociation, réclamait 1,3 milliards par an d’économies sur le dos des chômeurs, l’ensemble des syndicats n’ont pas accepté de voir baisser les droits de ces derniers.
Parallèlement, la promesse de campagne de Macron d’instaurer un bonus-malus sur le recours abusif aux contrats précaires a disparu, le patronat refusant toute mesure contre la précarité.
Méritant son titre de Robin des bois des riches, Macron prend aux chômeurs pour donner aux plus grosses entreprises, déjà dopées par les cadeaux que sont les ordonnances, les larges allègements de cotisations patronales, sans parler des avantages fiscaux….
Amplifions nos mobilisations, empêchons la casse des droits, imposons nos propositions de sécurité sociale professionnelle, de hausse des salaires, d’amélioration des services publics, de partage des richesses!
Réussissons les actions et faisons du 19 mars un rassemblement dans l’unité la plus large !
Pour visionner la vidéo sur les dessous des négociations, cliquer ici