Suite à la grève particulièrement suivie du 20 novembre dernier à Pôle emploi, l’intersyndicale avait rencontré des parlementaires afin qu’ils interpellent le gouvernement (notamment sur la baisse injustifiée des effectifs) et pèsent dans les débats concernant le projet de loi de finance 2019 supprimant 800 ETP à Pôle emploi dès 2019 (4000 sont prévus d’ici 2022…).
Plusieurs députés avaient adressé un courrier à la ministre du travail pour relayer nos revendications et notamment contester la baisse des effectifs.
La ministre Muriel Pénicaud a répondu par courrier le 12 février.
Son courrier témoigne d’un autisme et d’une mauvaise foi totale en regard des arguments que nous avions opposés à la baisse d’effectifs.
Les diminutions d’effectifs sont concentrées à certains endroits du territoire; le taux de chômage n’est pas le même à tous les endroits du territoire.
Voici in extenso le courrier de la ministre qu’un député nous a transféré:
Pour lire la réponse de la ministre, cliquer ici
Ajoutons à cela la falsification des chiffres officiels. L’inspection générale des finances (IGF) et l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) saluent dans un rapport récent les résultats de la dernière convention tripartite; et les deniers chiffres du chômage publiés ce mois saluent une baisse historique du taux de chômage (sous la barre des 9% pour la première fois depuis 10 ans). Or cela confine à l’escroquerie.
En effet:
-jamais l’emploi n’a été rendu aussi précaire pour les travailleurs.
-lorsque l’IGF et l’IGAS indiquent que « le changement de stratégie a eu un effet très concret: le nombre de retours à l’emploi a augmenté de 15,1% entre 2014 et 2017 », c’est en omettant (volontairement) de dire qu’en 2014 il fallait un contrat de 6 mois ou plus pour comptabiliser un « retour à l’emploi », alors que depuis 2017 un CDD d’un mois suffit.
De nombreux députés ne partagent pas l’opinion de Muriel Pénicaud et contestent les orientations stratégiques de l’établissement qui occasionnent toujours plus de souffrance pour les usagers et les agents de Pôle emploi:
pour lire l’article de l’Est Républicain consacré aux propos d’un député sur ce sujet, cliquer ici
pour lire l’article de France Info « Manque d’effectifs, retour à l’emploi limité, un député constate un dysfonctionnement évident de Pôle emploi », cliquer ci dessous:
https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/chomage/info-franceinfo-manque-d-effectifs-retour-a-l-emploi-limite-un-depute-constate-un-dysfonctionnement-evident-de-pole-emploi_3195965.html
Mais ne nous trompons pas, dans son rapport rendu suite à sa « mission flash », qui constate bien le manque d’effectifs et la taille des portefeuilles, le député VRY n’évoque nullement la situation catastrophique au niveau de l’indemnisation, et surtout, en profite pour tirer une conclusion allant tout à fait dans le sens de sa conception ultra-libérale (comme celle de Macron) de la société et de l’économie. Il préconise quelque chose de très grave pour l’avenir de Pôle emploi: la mise en concurrence accrue avec des opérateurs privés, autrement dit la fin du service public de l’emploi. Voici un extrait du rapport:
Pour lire le rapport de la mission-flash, cliquer ici
Rappelons que le rapport CAP2022, rendu en juillet 2018, contenait déjà une disposition (« non reprise pour le moment par le gouvernement » dixit la ministre du travail), épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, qui est ni plus ni moins que la condamnation à mort de Pôle emploi qu’il n’y a plus qu’à signer au moment opportun : c’est la possibilité qui serait offerte aux chômeurs, dès l’inscription, de choisir par quel opérateur ils souhaitent être accompagnés, Pôle emploi étant mis en concurrence avec d’autres organismes. Compte tenu des difficultés d’organisation et de fonctionnement de Pôle emploi et du press-bashing volontairement orchestré dont nous faisons l’objet (et auquel le DG répond mollement…) il est à craindre qu’une cohorte importante de chômeurs se détourne de nos services… Ce ne serait alors plus quelques milliers, mais probablement plusieurs dizaines de milliers de postes qui seraient supprimés (comme cela s’est produit dans d’autres pays…).
Le libéralisme a décrété la mort du service public partout où celui-ci concerne une activité pouvant être marchandisée, avec la perspective de bénéfices juteux et la possibilité de récompenser les amis du pouvoir. Le marché de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelle, n’échappe pas à cette convoitise : les opérateurs privés de placement, les entreprises de travail temporaire ou les officines de formation de tous poils l’ont compris depuis longtemps et trépignent aux portes du service public de l’emploi dans l’attente de s’en disputer les morceaux que notre DG et le gouvernement leur livreront sur un plateau.
IL EST PLUS NECESSAIRE QUE JAMAIS DE NOUS MOBILISER !
TOUTES ET TOUS EN GREVE LE 19 MARS 2019 !