L’arnaque à « l’âge pivot ».
Le message du Premier ministre est clair : « Je confirme la volonté du gouvernement de construire un système universel de retraites, par répartition et par points comportant un âge d’équilibre. »
En d’autres termes : aucune concession n’est faite sur le contenue du projet de loi, pas même sur l’instauration d’un âge pivot nommé ici « âge d’équilibre ». Il s’appliquera pour tous dès l’entrée en vigueur du régime à point.
Alors, de quel compromis nous parle-t-on ?
Le gouvernement avait évoqué, dès cet automne, sa volonté de reculer l’âge de départ à la retraite sans attendre la mise en place du nouveau système à point pour résorber la prévision de déficit, opportunément annoncée par le Conseil d’orientation des retraites pour 2025.
Une volonté traduite dans le texte du projet de loi par l’instauration d’un « âge d’équilibre » qui devait débuter dès 2022, pour tous. C’est uniquement ce dernier point que le gouvernement propose provisoirement de suspendre. Charge à la « conférence de financement » que le Premier ministre propose de mettre en place de faire des propositions alternatives.
Comme nous en avons pris l’habitude, le gouvernement reprend vite d’une main ce qu’il a fait semblant de donner de l’autre.
En effet, peut-être pour que l’on ne se fasse pas trop d’illusion, il ne laisse à cette commission aucune marge de manœuvre. Le Premier ministre précise dans son courrier que « les mesures destinées à rétablir l’équilibre ne devront entraîner ni baisse des pensions pour préserver le pouvoir d’achat des retraités, ni hausse du coût du travail pour garantir la compétitivité de notre économie ».
Pas de quoi crier victoire… mais de quoi motiver pour amplifier et élargir encore la mobilisation.
Pour résumer la situation suite au prétendu retrait provisoire de l’âge pivot :
– pour ceux qui sont nés à partir de 1975, ça ne change rien : le système à points réduira leur retraite et les contraindra à partir (beaucoup) plus tard ou à crever de faim, ou à reprendre un travail après leur départ en retraite. En effet, la valeur du point pourra changer d’une année sur l’autre même pour ceux qui seront déjà en retraite. Chaque année, l’âge d’équilibre pourra reculer pour les nouveaux et futurs retraités.
– pour ceux qui sont nés entre 1960 et 1974 : pour que le retrait de l’âge pivot soit confirmé il faut que les syndicats trouvent 12 milliards sans augmenter les cotisations patronales, autrement dit mission impossible. Donc soit la CFDT va proposer elle-même le recul de l’âge de la retraite ou l’allongement de la durée de cotisation, soit le premier ministre va remettre l’âge pivot par ordonnance c’est à dire sans passer par le Parlement !
C’est donc important de rester mobilisés et de montrer que nous sommes déterminés à gagner le retrait de la réforme.