Rapport du médiateur de Pôle emploi : ces règles qui pourrissent la vie des chômeurs

Sanctions « de plus en plus sévères et disproportionnées », « aberrations » derrière certaines mesures gouvernementales ou encore préconisations restées lettre morte : le médiateur national de Pôle emploi publie son rapport 2021, sans masquer son agacement.

Ni complaisance ni pincettes. Depuis douze ans, Jean-Louis Walter, le médiateur national de Pôle emploi, détaille par le menu les sujets mobilisant ses services. Incisifs et sans concession, ses rapports annuels dressent le bilan des saisines et mettent en lumière les problématiques rencontrées par les demandeurs et demandeuses d’emploi afin de « signaler aux décideurs ces situations qui empoisonnent l’existence des usagers ».

Les demandeurs d’emploi doivent faire face à des sanctions plus musclées : radiations, suppressions d’allocations…

Le rapport annuel du Médiateur national de Pôle emploi, Jean-Louis Walter, note l’aggravation des mesures répressives.

Les demandeurs d’emploi qui manquent à leurs obligations font l’objet de sanctions plus musclées. C’est l’un des constats saillants du rapport annuel présenté mardi 28 juin par Jean-Louis Walter, le médiateur national de Pôle emploi chargé de traiter les différends entre l’opérateur public et les usagers. Cette tendance est liée, d’après lui, à l’une des dispositions de la réforme de l’assurance-chômage, adoptée durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron.

Les personnes inscrites à Pôle emploi ont des droits – par exemple être épaulées par un conseiller – mais aussi des devoirs – rechercher activement un poste, se présenter aux rendez-vous, mettre à jour leur dossier, etc. Celles qui ne tiennent pas leurs engagements s’exposent à des mesures répressives, pouvant se traduire par une radiation des listes assortie, le cas échéant, d’une suppression de l’allocation, pour des périodes plus ou moins longues.

Dans la loi de septembre 2018 « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », le gouvernement d’Edouard Philippe a introduit de nouvelles règles, qui ont « semblé répondre à [la] préoccupation » d’établir une « gradation des sanctions », écrit M. Walter. Mais ce texte a, en réalité, « rigidifié les pratiques, en les enfermant dans un barème plus sévère encore et en fournissant une légitimité nouvelle aux postures excessives ». Sans livrer de chiffres, le médiateur observe « un usage fréquent des radiations de six mois et surtout [la] suppression définitive du revenu de remplacement », c’est-à-dire de l’indemnisation versée par le système. Certaines décisions, ajoute-t-il, paraissent « véritablement disproportionnées, tant dans leur gravité que dans leurs conséquences », les individus concernés étant privés de prestation et d’accompagnement.

Injonctions des pouvoirs publics

De telles procédures avaient été suspendues au début de la crise sanitaire, tout comme les vérifications sur les recherches d’emploi effectuées par les chômeurs. Puis elles ont repris leur cours. En novembre 2021, M. Macron a annoncé un « renforcement des contrôles », comme le rappelle le rapport. C’est pourquoi le médiateur explique que les sanctions ne résultent pas uniquement d’une « vision des choses » portée par ceux qui les prononcent : elles découlent de l’application de textes et d’injonctions émanant des pouvoirs publics.

« France Travail » ou comment Macron veut faire la misère (encore…) à Pôle emploi…

Emmanuel Macron veut remplacer Pôle emploi par « France Travail » : mais pourquoi faire ?

Parmi les propositions présentées par Emmanuel Macron, il y a la création de « France Travail » à la place de Pôle emploi, pour créer un guichet unique (C’est déjà ce que voulait faire Nicolas Sarkozy  il y a 15 ans, en créant Pôle emploi et en fusionnant ANPE et Assedic…)

L’argumentaire macronien est le suivant:

De nombreux acteurs et organismes s’occupent des demandeurs d’emploi : Pôle emploi, mais aussi les missions locales pour les jeunes, les conseils départementaux pour les bénéficiaires du RSA. Or tous ces organismes ne travaillent pas toujours ensemble. Ainsi, par exemple, les mêmes formations sont parfois commandées par Pôle emploi, mais aussi par les conseils régionaux. Sur le papier, Emmanuel Macron veut donc centraliser les services et les offres pour n’avoir qu’un opérateur unique, France Travail. Et sur le papier, en finir avec ce mille-feuilles.

Moduler la durée d’indemnisation en fonction du taux de chômage

Macron estime que la réforme qu’il a faite pendant ce quinquennat ne va pas assez loin. L’idée du président de la République est de moduler les droits des chômeurs en fonction de la conjoncture. Autrement dit, plus le marché du travail est bon, et moins l’assurance chômage est généreuse. Plus le taux de chômage est élevé et plus la durée de l’indemnisation par exemple sera longue. Cette modulation existe déjà aux Etats-Unis. Emmanuel Macron veut s’en inspirer.

Emmanuel Macron vise le plein emploi : atteindre un taux de chômage à 5% d’ici cinq ans. Actuellement, le taux est de 7,4%. Il était de 9,5 % au début de son quinquennat. L’ambition d’Emmanuel Macron est donc de continuer sur sa lancée. En atteignant le plein emploi, Emmanuel Macron y voit le meilleur moyen d’offrir du pouvoir d’achat aux français mais aussi de faire des économies et de réduire les dépenses publiques.

Source: France Info https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-decryptage-eco/emmanuel-macron-veut-remplacer-pole-emploi-par-france-travail-mais-pourquoi-faire_4990896.html

Pour la CGT, la baisse du chômage est en grande partie fictive:

1/ Certes, une reprise économique s’est produite après la récession due à la pandémie. Le gouvernement n’a aucun mérite dans cette embellie économique qui s’est également produite dans la plupart des autres pays, indépendamment des politiques mises en oeuvre, et qui est purement « mécanique »: lorsque un ballon chute jusqu’au sol, il ne peut que rebondir…

2/ La réforme de l’assurance chômage faite par le gouvernement a eu des effets désastreux: une étude de l’Unedic a démontré que 1 115 000 chômeurs verraient leur allocation réduite ou supprimée. Résultat: ceux qui, avant de s’inscrire, constatent après calcul qu’ils se seront pas indemnisés, renoncent à s’inscrire à Pôle emploi. Près de 42% des chômeurs ne perçoivent pas ou plus d’allocations chômage: beaucoup se désinscrivent…Cela fait moins de personnes inscrites.

3/ Le contrôle de la recherche d’emploi a augmenté de 25% avec, mécaniquement, une hausse des sanctions et des radiations. A noter que des sanctions sont prononcées sur la base de refus d’offres d’emploi dont 60% (en général offres partenaires) sont illégales ou mensongères (selon des études constantes faites par la CGT, le comité CGT des travailleurs privés d’emploi et travailleurs précaires, et des sources indépendantes comme par exemple l’étude faite par France Info qui corrobore les chiffres de la CGT…)

4/ Après un « gel » très passager pendant la première période de confinement COVID début 2020, les radiations ont explosées en 2021 pour atteindre un chiffre jamais atteint dans toute l’histoire du service public de l’emploi: 53 222 radiations pour le seul quatrième trimestre 2021… (les convocations massives du plan d’action CLD y ont beaucoup contribué: plus on convoque, et plus on radie… c’est « mécanique »…)

5/ La catégorie D est en hausse de 14%, avec pour l’essentiel des chômeurs en formation non comptabilisés dans les statistiques du chômage…

Pôle emploi va pouvoir contrôler les contrats d’assurance vie des chômeurs…

Du nouveau dans la rubrique « Police emploi »…

Grâce à un décret, paru ce dimanche 20 mars 2022, Pôle emploi a désormais la possibilité d’accéder au fichier Ficovie, qui recense tous les contrats d’assurance vie souscrits auprès d’organismes français. De quoi renforcer les contrôles des demandeurs d’emploi, et notamment des bénéficiaires de l’allocation de solidarité spécifique…

Un décret, publié au Journal officiel ce dimanche 20 mars et entré en vigueur ce lundi, permet à Pôle emploi d’accéder aux informations de “Ficovie”, le fichier qui répertorie l’ensemble des contrats d’assurance vie et de capitalisation souscrits auprès d’organismes d’assurance français. Comme le signalait Capital en décembre 2020, cette nouvelle possibilité a été accordée à l’opérateur public par la loi de finances pour 2021. Il ne manquait plus que le décret d’application pour rendre cette mesure pleinement opérationnelle.

Il s’agit ici de l’une des nouvelles armes accordées à Pôle emploi pour contrôler davantage les chômeurs et ainsi renforcer la lutte contre la fraude sociale. Elle permet ainsi à l’opérateur public pour l’emploi “d’obtenir rapidement les éléments utiles à la détection de situations frauduleuses et de prendre plus efficacement les mesures conservatoires utiles pour assurer un meilleur recouvrement des sommes dues”, écrivait le gouvernement dans son amendement au PLF 2021 mettant en place cette nouvelle mesure.

Objectif : renforcer les contrôles sur l’ASS

En effet, donner à Pôle emploi l’accès au fichier Ficovie lui permet de “vérifier notamment la cohérence des ressources déclarées par les titulaires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), minimum social versé pour le compte de l’État” aux demandeurs d’emploi arrivés en fin de droit, soulignait la Cour des comptes, dans un rapport sur la fraude aux prestations sociales publié en septembre 2020.

Car le versement de l’ASS est conditionné aux ressources des demandeurs d’emploi : ils doivent gagner moins de 1.183,70 euros par mois s’ils sont célibataires. Ce montant comprend toutes les ressources personnelles du demandeur d’emploi déclarées au fisc, parmi lesquelles on peut retrouver les revenus issus de son patrimoine financier. D’où l’intérêt pour Pôle emploi de pouvoir accéder à Ficovie. Pour mémoire, ce fichier est géré par le fisc et est alimenté par les organismes d’assurance français. Ces derniers doivent déclarer toutes les souscriptions, modifications et dénouements (rachat total d’un contrat, décès de l’assuré…) de contrats d’assurance vie ou de capitalisation. Chaque année, les assureurs doivent aussi déclarer l’ensemble des opérations réalisées sur les contrats en cours, sur lesquels la somme placée est d’au moins 7.500 euros au 1er janvier.

(Source: Capital)

Pour accéder à l’article en ligne, cliquer ici:

https://www.capital.fr/votre-carriere/chomage-cest-officiel-pole-emploi-va-pouvoir-controler-vos-contrats-dassurance-vie-1431656

 

 

Rapport du défenseur des droits sur la dématérialisation des services publics : « La CGT n’est pas seule à dénoncer cette politique ! »

Depuis des années, la CGT Pôle Emploi dénonce la dématérialisation à outrance des
services de Pôle Emploi à destination des privés d’emploi, mais aussi celle que subissent les usagers de tous les services publics et des organismes de la protection sociale.
Le rapport 2022 du défenseur des droits confirme notre position.

Pour accéder à l’article complet, cliquer ici

59% des offres d’emploi publiées sont illégales ou mensongères !

Macron affirme qu’il suffit de traverser la rue pour trouver un job, à Nancy, la CGT fait mieux pour débusquer le boulot.
Les 17 et 18 Janvier, 12 militant.e.s de l’Union Locale CGT et deux responsables du Comité national CGT des travailleur.se.s privé.e.s d’emploi et précaires ont mené une enquête sur 501 annonces publiées par Pole emploi.

166 400 chômeur·se·s ont été radié·e·s en 2021 soit une hausse de 60 % par rapport à 2020, 52 300 radiations pour le seul 4ème trimestre 2021, un record depuis 1996. Le nouveau mode de calcul des indemnités chômage fait perdre de l’argent à celles et ceux qui ont été viré·e·s et surtout à celles et ceux qui subissent les emplois précaires à répétition. Sur 6,367 millions de chômeur.se.s inscrit.e.s à Pôle emploi, 3,5 millions ne sont pas indemnisé.e.s.
Qu’importe, le gouvernement et les patrons répètent inlassablement que des centaines de milliers d’emplois ne sont pas pourvus. Ces chômeur·se·s se pavaneraient donc avec leurs faramineuses alloc au lieu d’aller au taf ? Saperlipopette ! Vite, il faut mener un contrôle.

Macron affirme qu’il suffit de traverser la rue pour trouver un job, à Nancy, la CGT fait mieux pour débusquer le boulot.
Les 17 et 18 Janvier, 12 militant.e.s de l’Union Locale CGT et deux responsables du Comité national CGT des travailleur.se.s privé.e.s d’emploi et précaires ont mené une enquête sur 501 annonces publiées par Pôle emploi.

Cette enquête est conforme aux 14 enquêtes précédentes et aboutit au même résultat. Une grande enquête menée par France Info avait également fait état des mêmes conclusions.

Précisons que les offres illégales ou mensongères se compte en grande majorité parmi les 77% d’offres de partenaires que Pôle emploi agrège sur son site. Le travail des conseillers Pôle emploi à dominante entreprise n’est pas remis en cause: ils travaillent avec professionnalisme dans des conditions difficiles et avec des effectifs insuffisants…

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Pour accéder à la preuve en image et son, cliquer ici

Pour accéder à l’interview France Bleue du 27 janvier 2022, cliquer ici

 

Malaise chez les agents de Pôle emploi, chargés d’appliquer une réforme « violente, injuste et inexplicable »

L’application de la réforme de l’assurance chômage s’annonce rude pour les demandeurs d’emploi. Elle l’est également pour les agents de Pôle emploi, qui s’interrogent sur le sens de leur métier et l’opacité du mode de calcul de l’indemnisation.

Alors que les vœux de nouvelle année emplissent les boîtes mails des quelque 54 500 agents de Pôle emploi, l’année 2022 ne s’annonce pas réjouissante pour nombre d’entre eux. C’est même le contraire. La réforme de l’assurance chômage, reportée puis finalement mise en place en fin d’année dernière, ajoute un poids sur les bras d’agents déjà au bout du rouleau.

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https://basta.media/Pole-emploi-reforme-assurance-chomage-nouveau-mode-de-calcul-conseiller-indemnisation