CCE du 16 juin 2015 – Réforme territoriale: Les agents et les missions trinquent !

La réforme territoriale en cours à Pôle emploi est l’un des éléments d’une réforme de l’État qui intervient à un moment où notre pays est engagé dans une profonde modification de ses structures administratives et politiques.

Avec le passage à 16 régions en France métropolitaine le 1er janvier 2016 ces transformations s’accélèrent aujourd’hui pour adapter à marche forcée les services de l’État et ses opérateurs ainsi que les collectivités territoriales aux objectifs des politiques d’austérité et aux exigences de rentabilité du capital et des marchés financiers.

La « revue des missions » qui est menée en parallèle de cette réforme territoriale est à l’oeuvre dans l’ensemble des services publics, et dans l’ensemble des territoires, qu’ils soient ou non concernés par la fusion des régions. Cette révision des politiques publiques est notamment destinée à réduire les budgets consacrés aux politiques publiques et à la protection sociale, et se traduit par l’abandon, l’affaiblissement ou la privatisation de pans entiers de missions.

Elle prend la forme à Pôle emploi du Plan stratégique 2015-2018 :

– qui conduit à dégrader les qualifications des personnels par la segmentation des activités, et des missions, qu’il s’agisse de l’indemnisation, de l’aide à l’insertion professionnelle ou des fonctions support ;

– avec une organisation du travail qui veut économiser sur le temps consacré aux usagers par les agents et développe la mise à distance des demandeurs d’emploi ;

– qui développe le recours à la sous-traitance et vise à mettre en place une politique de résultats destinée à comparer les résultats des agents entre-eux, et permettant de comparer les résultats des services publics et ceux des opérateurs privés de placement, avec la perspective de structurer un véritable réseau de concurrents du service public lui même.

Dans ce contexte, la présentation au CCE de Pôle emploi des modalités de mise en oeuvre de la réforme territoriale est tout à fait inquiétante.
De nombreuses questions précises restent sans réponse :

– Quelle organisation cible à 5 ans ?

– Quels sont les services support stratégiques qui devront être au siège des DR et quels
sont les services support qui peuvent être en « multi sites » ?

– Quel accompagnement des agents des Directions Régionales ?

– Quelles conséquences sur les DT, les plateformes, et le réseau ?

– Quel calendrier ?

– Quel devenir pour les accords locaux existant dans de nombreux établissements

Au delà des affirmations de principe qui se veulent rassurantes « Rien ne changera au 1er janvier 2016 pour la plupart des agents. Seuls les cadres dirigeants seront impactés… » il reste de véritables interrogations.

Comment pourrait-on croire que Pôle Emploi serait le seul à ne pas restructurer ses services dans un environnement qui frappe l’ensemble de la fonction publique?

Comment imaginer que cette fusion n’impactera pas les personnels des Directions Régionales alors que plus de 10 000 agents des services de l’État et des opérateurs auront à subir des mobilités géographiques ou professionnelles ?

Tous les rapports pointent que la réussite de la restructuration dépendra :

– des moyens alloués à l’accompagnement des mobilités professionnelles et géographiques des agents y compris des opérateurs

– de la transparence et de la concertation.

À quoi joue la direction de Pôle emploi?

En refusant d’exposer, et de discuter les inévitables évolutions organisationnelles et les conséquences pour les agents, la direction entretient une incertitude inacceptable pour les personnels et met en place, implicitement, une méthode dangereuse exposant chaque collègue à une forte pression individuelle.

La CGT Pôle Emploi s’opposera à ce déni d’information et agira avec les agents pour les aider à s’organiser, à se mobiliser et à obtenir des garanties collectives et individuelles tout au long du processus.

Paris, le 16 juin 2015

La déclaration au format imprimable est en pièce jointe

2015-06-16-CCE-Reforme_territoriale.pdf

Accord classification : l’opposition majoritaire invalidée par la justice.

Communiqué de la CGT Pôle Emploi (extrait)

«…
Le 19 décembre 2014, la CGT, FO et le SNU se sont opposés à la mise en oeuvre à Pôle emploi d’un accord « Classification » qui porte la marque d’un contexte de crise sur fond de reculs sociaux, de culpabilisation des salariés et d’appels à l’effort pour leur faire payer une crise dont ils ne sont pourtant pas responsables. La DG en a pris acte publiquement le jour même par un message dans lequel
le DGARH indiquait à tous les agents: « J’ai le regret de vous annoncer que bien que signée par trois organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC et CFTC), l’accord relatif à la classification ne pourra pas être mis en oeuvre, en effet il a fait l’objet d¹une opposition de la part des trois organisations syndicales non signataires (CGT, CGT-FO et SNU). En conséquence, en vertu de l’article L. 2231-9 du code du travail, l¹accord est réputé non écrit et ne sera pas appliqué ».

Cela ne l’a pas empêchée pas de se joindre à la décision prise par les trois organisations syndicales signataires d’assigner en justice la CGT, FO et le SNU pour imposer la mise en oeuvre de cet accord minoritaire.

Pour les signataires, tous les moyens sont bons pour avoir gain de cause. Il est
incontestable que l’opposition à cet accord est majoritaire, et ils le reconnaissent.
Ils affirment toutefois que l’opposition ne leur a pas été « notifiée dans les règles », tout en reconnaissant également qu’ils ont été informés de la signature de cette opposition dans les délais légaux.

De fait, ils s’appuient sur tous les recours de la mauvaise foi et du déni de démocratie pour imposer au personnel de Pôle emploi la mise ne oeuvre de cet accord minoritaire.

Pour la CGT Pôle emploi, la décision de justice annoncée aujourd’hui est une
mauvaise nouvelle.

Elle ne nous détournera cependant pas de nos revendications en matière de
reconnaissance des qualifications des personnels: il s’agit bien d’instituer une grille de classification de progrès prenant en compte les qualifications (diplômes, formation professionnelle continue, expérience) et qui soit conçue comme la pierre angulaire d’un véritable déroulement de carrière avec rémunérations en conséquence.

En tout état de cause la DG va maintenant engager les opérations de rattachement des emplois dans la grille de classification.

Pour la CGT Pôle emploi l’objectif que nous devons poursuivre est d’obtenir pour
chaque agent un rattachement à l’emploi et un repositionnement bonifié qui
prennent en compte à la fois l’évolution des qualifications depuis la fusion et
l’importance des efforts consentis par les agents dans un contexte de chômage qui n’a cessé de s’aggraver.

Il en va de l’intérêt des personnels, comme de la capacité de Pôle emploi à exercer véritablement les missions du service public de l’emploi. »

Le communiqué complet est en pièce jointe

2015-05-27-Accord-Classification.pdf

La Nouvelle Classification

Comité d’Établissement du 28 mai : l’inscription à distance à Pôle Emploi

À l’ordre du jour du comité d’établissement figurait un point intitulé « Information sur le Programme Nouveau Parcours du Demandeur d’Emploi » .

Comme la CGT l’a annoncé au personnel avant-hier, le document soumis aux élus nous explique qu’à partir de début 2016 les privés d’emploi pourront s’auto-inscrire par internet, jusqu’à la saisie de la demande d’allocation, voire le calcul automatique et la notification de l’allocation dans les situations simples !

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Le système informatique sera même en mesure de produire un premier diagnostic concernant la recherche d’emploi au vu des réponses au questionnaire. Un entretien de suivi au bout de deux à quatre semaines permettrait de confirmer ou de modifier le diagnostic, puis de décider d’une modalité d’accompagnement.

Au vu de ce document, la CGT vous a annoncé mardi qu’elle demanderait une consultation des élus et pas seulement une information. En effet l’article L2323-27 du code du travail prévoit que :

« Le comité d’entreprise est informé et consulté sur les problèmes généraux intéressant les conditions de travail résultant de l’organisation du travail, de la technologie, des conditions d’emploi, de l’organisation du temps de travail, des qualifications et des modes de rémunération.

A cet effet, il étudie les incidences sur les conditions de travail des projets et décisions de l’employeur dans les domaines mentionnés au premier alinéa et formule des propositions. Il bénéficie du concours du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail dans les matières relevant de sa compétence. Les avis de ce comité lui sont transmis. »

Nous sommes bien sur une modification majeure de l’organisation du travail et sur l’introduction d’une technologie (permettant l’inscription à distance) ayant des impacts incontestables sur nos conditions de travail.

Lors du CCE du 19 mars, les élus de plusieurs organisations syndicales, dont la CGT ont réclamé une consultation sur ce point, sans obtenir satisfaction.

En conséquence, vos élus CGT au CE ont demandé une suspension de séance et ont proposé aux élus des autres organisations syndicales représentées au CE lorrain de s’unir pour demander une consultation des représentants du personnel et non pas seulement une information.

Tous ont accepté, ce qui a permis de porter cette demande de façon unanime.

Après une suspension de séance pour consultation de la direction générale, le président du CE a apporté une réponse négative à notre demande unanime sous le prétexte que ce qui nous est présenté aujourd’hui ne serait pas encore un projet détaillé mais seulement un « programme ».

Sauf que quatre régions (Aquitaine, Paca, Nord-Pas-de-Calais et une quatrième) vont déjà tester l’inscription en ligne dès septembre 2015 et que la généralisation est prévue pour début 2016.

Le refus d’une consultation de vos représentants sur ce changement majeur émane clairement de la Direction Générale. Il est, pour la CGT, en contradiction flagrante avec ce que prévoit le code du travail.

Nous prendrons nos responsabilités, en concertation avec les élus des autres organisations syndicales, pour donner une suite appropriée à ce refus. Comme indiqué dans notre message d’avant-hier, nous incitons tous les agents de Pôle Emploi Lorraine à débattre sur chaque lieu de travail des changements en cours à Pôle Emploi, de leur impact prévisible sur nos métiers et nos emplois, et des réponses à y apporter.

Communiqué confédéral : les chômeurs ne sont pas des fraudeurs

11222137_10153415088185528_9214199149177342063_nLe conseil d’administration de Pôle emploi, réuni le 20 mai 2015, a voté, sans la voix de la CGT, l’extension de l’expérimentation sur le contrôle des demandeurs d’emploi, afin de vérifier s’ils opèrent bien une recherche active d’emploi. Si tel n’était pas le cas, ils se verraient radiés entre deux semaines et six mois.

Il faut sortir du paradigme qui consiste à dire que notre système d’assurance chômage est trop généreux. Un demandeur d’emploi sur deux n’est pas indemnisé. La première cause de la non recherche d’emploi, c’est d’abord parce que Pôle emploi n’a pas de travail à proposer ; que les employeurs continuent leur politique d’exclusion de la jeunesse et des seniors dont le taux de chômage a augmenté sensiblement sur un an.

Pour la CGT, il faut sortir de cette logique de contrôle/sanction qui amène l’opinion publique à considérer que les chômeurs refusent le travail qu’on leur propose et qu’ils sont des fraudeurs. Un tel amalgame est insupportable.

Il faut mobiliser tous les moyens, notamment humains, de Pôle emploi pour l’accompagnement et l’indemnisation. C’est ce qui manque, à notre avis, notamment dans une période où le chômage de masse est installé et que l’indemnisation devient de plus en plus complexe, eu égard aux parcours des salariés qui surfent sur les contrats précaires de plus en plus courts.

Montreuil, le 22 mai 2015.

Refusons le renforcement du contrôle des chômeurs !

11167854_10153142485202911_7290767676284280580_nHier au conseil d’administration – et aujourd’hui au comité central d’entreprise – la direction générale a présenté la généralisation des équipes de contrôles de la recherche d’emploi. La CGT Pôle Emploi a lu au CCE la déclaration jointe à cet article.

Après la séparation entre le conseil à l’entreprise et le conseil aux privés d’emploi, voici que le contrôle – qui fait légalement partie des missions de Pôle Emploi et que les conseillers référents des privés d’emploi exerçaient jusqu’alors avec discernement et en tenant compte des situations particulières – est confié à des équipes spécialisées qui exerceront cette activité à temps plein.

Il s’agit clairement de multiplier les sanctions pour « absence d’actes positifs de recherche d’emploi » à l’encontre des personnes privées d’emploi.

En effet, jusqu’à présent plus de 90% des radiations étaient consécutives à une absence à convocation. Or les nouvelles modalités d’accompagnement et de suivi entraîne une chute du nombre total des convocations. Par ailleurs le « pilotage par les résultats » et la « comparaison des performances » rentreront en vigueur dès le mois de juillet et impliqueront forcément un renforcement de la coercition.

Au-delà de la volonté gouvernementale de maintenir – voire d’augmenter – le nombre de radiations-sanctions à l’encontre des privés d’emploi, la séparation du contrôle et du conseil vise clairement à mettre les conseillers Pôle Emploi sur un pied d’égalité avec les salariés des actuels Opérateurs Privés de Placement – futurs Agences d’Emploi Privées(*). Dans le même ordre d’idée, créer des équipes spécialisées dans le contrôle de la recherche d’emploi, c’est aussi mettre à disposition de ces OPP un interlocuteur identifié pour obtenir plus rapidement des sanctions à l’encontre des personnes privées d’emploi qui leur seront confiées en masse à partir du mois prochain.

En conclusion, la séparation du conseil et du contrôle est une très mauvaise nouvelle pour les personnes privées d’emploi, mais aussi pour nous, agents de Pôle Emploi. Nous devons la combattre.

Note
(*) la loi autorisant le gouvernement à signer la convention 181 de l’OIT – permettant les agences d’emploi privées – a été promulguée en mars dernier.

2015-05-21-CCE-Controle des chomeurs.pdf

Déclaration CGT au Comité d’Etablissement du 30 avril 2015 (Projet de Règlement Intérieur)

Déclaration CGT au Comité d’Etablissement d’Avril

sur le projet de règlement intérieur :

Le projet de Règlement Intérieur (RI) présenté par la Direction Générale comporte des dispositions qui, pour la CGT Pôle emploi, ouvrent la porte à des dérives subjectives, autoritaires ou moralisatrices qui n’ont pas lieu d’être imposées au personnel de Pôle emploi dans le cadre de ses activités professionnelles.

C’est par exemple le cas des injonctions adressées:

« Tout agent de Pôle emploi dans le cadre de ses activités professionnelles (…) est tenu :

_ de respecter les instructions données par ses supérieurs hiérarchiques ou par tout membre de la direction(…) ;

_ de faire preuve de probité(…) ;

_ de porter une tenue vestimentaire décente, propre et correcte »

C’est ainsi également que malgré les interventions extrêmement nombreuses des représentants du personnel, la direction générale s’autorise à procéder à des contrôles occultes sur les activités des agents et qu’elle refuse d’informer les agents sur les contrôles qu’elle opère sur leurs données individuelles.

Et même les activités hors travail doivent être soumises aux contrôles et aux limitations dictées par Pôle emploi par l’interdiction faite aux agents de toute divulgation d’informations concernant Pôle emploi, par exemple sur internet et les réseaux sociaux.

Le RI de Pôle emploi invente en quelque sorte un « Secret Défense »visant à limiter le droit d’expression du citoyen-agent de Pôle emploi.

Dans le même temps, nous constatons que ce projet de Règlement intérieur ne contient aucune obligation pour l’employeur (par exemple la garantie d’un salaire décent en cas de maladie). Au nom de la Sécurité et de la Continuité de service la direction de Pôle emploi cherche à faire accepter une véritable obsession de la norme, au risque de dérives autoritaires et liberticides. Il s’agit en fait d’imposer « Un Règlement intérieur pour défendre les droits de l’employeur, et aussi pour imposer des obligations et des interdictions indues aux personnels de Pôle emploi » avec des relents d’ordre moral rétrograde et liberticide.

Pour la CGT Pôle emploi, pas besoin d’un Règlement Intérieur à Pôle emploi. L’article 4 de la CCN qui traite de ce sujet n’oblige pas formellement l’établissement d’un RI.

En fait, tout démontre qu’au delà des propos lénifiants sur le Pari de la confiance, il faut comprendre que « l’agent doit faire confiance à Pôle emploi », mais que Pôle emploi ne fait pas confiance aux agents!

Pour la CGT Pôle emploi, pas question de se laisser contraindre par des obligations arbitraires.

A NANCY, le 30 avril 2015