Le Medef vient de proposer un « big bang » de la gouvernance de l’assurance chômage, avec la création de « trois blocs », permettant de « revenir à un système où chacun a sa responsabilité », alors que le système actuel est « structurellement en déficit ».
Pour marquer cette évolution, le Medef propose de changer le nom de l’Unédic, qui deviendrait l’Agile (Association de gestion interprofessionnelle pour l’emploi).
Le régime actuel n’est plus réellement paritaire, puisque la négociation sur l’assurance chômage avec les partenaires sociaux a été « placée sous le contrôle effectif de l’Etat », que le régime dépend en partie de l’impôt, et que « de multiples décisions sont budgétairement supportées par le régime alors que ce sont des dépenses qui relèvent de la solidarité », souligne le Medef.
Il a « accumulé à date 54 milliards d’euros de dettes et a été paralysé par la place croissante de l’Etat », déplore-t-il.
Il s’agit donc de clarifier le rôle et les responsabilités financières de chacun. Privé de la garantie de l’Etat, le régime assuranciel se devrait d’être globalement à l’équilibre.
Aujourd’hui Pôle emploi est financé à 80% par l’assurance chômage, alors qu’il travaille aussi pour « les fins de CDD de la fonction publique, les primoaccédants sur le marché du travail ». « Il n’y aucune raison que le système assuranciel finance à 80% le service public de l’emploi », a estimé M. Roux de Bézieux.
Le patron du Medef a expliqué mettre cette proposition sur la table alors que doit s’ouvrir avec le gouvernement une concertation sur la gouvernance de l’assurance chômage.
« Il y a une élection en 2022 », a aussi rappelé M. Roux de Bézieux. « Le président de la République avait une vision de nationalisation du système (lors de sa campagne en 2017, NDLR). Mais on s’est arrêté en chemin (…) On verra s’il y a d’autres candidats que le sujet intéresse », a-t-il glissé.
Interrogé par l’AFP, le ministère du Travail a affirmé qu’une série de réunions bilatérales aurait lieu « courant mai » avec l’ensemble des organisations syndicales et patronales pour recueillir leur perception sur la gouvernance de l’assurance chômage.
La CGT a accueilli fraîchement la proposition jeudi. « C’est du réchauffé, ça a déjà été proposé à plusieurs reprises dans les négociations, aucun syndicat n’en voulait », a affirmé à l’AFP Denis Gravouil, négociateur assurance chômage de la centrale.
« C’était la base des négociations en 2016 et 2017 (…). Cela institue une assurance chômage à plusieurs vitesses, un filet de sécurité d’aide sociale qu’on ne financerait pas, une assurance chômage pour les classes moyennes, et puis un partage des tâches entre l’Etat et les organisations représentatives », a-t-il dénoncé.
(Sources: Challenges)