Dématérialisation et sous-traitance du traitement des attestations employeurs

Au menu du CCE de ce jour figurait la consultation sur la dématérialisation et la sous-traitance du traitement de la grande majorité des attestations employeurs :

« Le périmètre des attestations employeur à traiter intégralement par les façonniers (numérisation et saisie des données) se définit ainsi:

Toutes les attestations employeur sont à traiter intégralement, exceptées les AE suivantes, qui ne sont qu’à numériser (soit les » AE hors périmètre »)

• AER (intégrées dans le SI PE).

• GUSO / AEM (intégrées dans le SI PE)

• AE « personnel navigant de la marine et de la pêche » (AE avec plusieurs spécificités)

• AE CSP (AE transmises par l’employeur à PE)

• AE associations intermédiaires (problème des décalages entre périodes de contrat, de travail et de paie)

• AE ETT (intérimaires)

• AE intermittents (problème des décalages entre périodes de contrat, de travail et de paie)

• AE Education nationale (idem)

• AE expatriés (spécificités des données présentes dans le document)

• AE ouvriers dockers (spécificités des données présentes dans le document)

• AE annexe 1 (journaliste, VRP, personnels navigant de l’aviation civile, bûcherons-tacherons, agents rémunérés à la commission, assistants maternels et assistants familiaux des particuliers employeurs) dès lors que l’intitulé de l’emploi correspond à une de ces dénominations).

• AE avec mention « édition préparatoire »

• AE liées à une EMS (étude mandataire)

• AE particuliers employeur »

Résultat du vote :

– 2 voix pour : CGC

– 1 abstention : SNAP

– 17 voix contre : CGT, SNU, FO, STC, FO, CFDT, CFTC

Malgré ce vote, la direction générale ne renonce pas à mettre en place ce projet qui constitue un grand pas supplémentaire dans la dégradation du service aux usagers et une nouvelle attaque contre le professionnalisme des agents indemnisation.

Légalisation des agences d’emploi privées : intervention du sénateur Dominique Watrin

Le 3 mars 2015, était en discussion au Sénat la ratification par la France de la convention numéro 181 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Cette convention permet la création des agences d’emploi privées. Ci-dessous l’intervention du sénateur du Pas-de-Calais Dominique Watrin au nom du groupe Front-de-Gauche :

« Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la convention n° 181 de l’Organisation internationale du travail permet aux agences d’emploi privées d’intervenir dans le placement des demandeurs d’emploi de façon concurrente avec le service public de l’emploi. Comme le précise l’étude d’impact, il s’agit de promouvoir la libéralisation des activités des agences d’emploi privées.

Cette ouverture au privé est certes encadrée par la convention. Ainsi, les États continuent à régir les statuts de ces agences, ainsi que les droits fondamentaux des travailleurs.

En revanche, la gratuité des services pour les demandeurs d’emploi peut désormais être remise en cause puisque des dérogations sont possibles dans certains cas « pour certaines catégories de travailleurs et pour des services spécifiquement identifiés ». Monsieur le secrétaire d’État, pouvez-vous nous préciser de quels services il s’agit ? Nous avons bien noté l’obligation de consulter les organisations syndicales pour autoriser ces dérogations, mais cela n’atténue pas notre inquiétude.

Après l’adoption du présent texte, cette convention s’imposera à la France : notre législation devra toujours être en conformité avec elle. Sa ratification n’est donc pas une simple formalité ; c’est la confirmation de l’inscription, au cœur de notre droit, de l’activité des entreprises privées de placement de demandeurs d’emploi.

Pour notre part, au regard des enjeux qui sous-tendent ce projet de loi, nous considérons que la Haute Assemblée doit avoir un véritable débat sur ce sujet, d’autant que les critiques que nous émettons sur l’objectif visé au travers de cette convention sont partagées par l’actuel directeur général de Pôle emploi. Lors de son audition par la commission des affaires sociales, le 10 décembre 2014, M. Jean Bassères avait souligné que le service rendu par les opérateurs privés de placement n’était pas de meilleure qualité que celui fourni par Pôle emploi. Il avait ajouté que, tenant compte des critiques de la Cour des comptes, qui estime à 80 millions d’euros le coût de cette sous-traitance, Pôle emploi allait ré-internaliser l’accompagnement des personnes les plus en difficulté. Dès lors, nous nous interrogeons sur la pertinence de la ratification de cette convention.

Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 18 janvier 2005, le « marché de la recherche d’emploi » est ouvert aux entreprises privées. À l’époque, nous nous y étions opposés et avions, avec les parlementaires socialistes, alerté sur les dangers d’une libéralisation du secteur de la recherche d’emploi.

La volonté du Gouvernement de faire entrer cette convention dans notre droit interne signifie-t-elle qu’il souhaite désormais encourager l’intervention directe des agences privées sur le marché de la recherche d’emploi ?

Cette volonté de conforter l’activité des entreprises privées dans ce secteur est d’autant plus incompréhensible que nous avons maintenant suffisamment de recul pour affirmer que les résultats sont loin d’être positifs. L’une des explications avancées tient au mode de fonctionnement des opérateurs privés, qui interviennent le plus souvent en tant que sous-traitants du service public de l’emploi et recourent à des salariés précaires, employés sous contrat de courte durée, pour accomplir la mission qui leur a été déléguée.

Ces salariés précaires sont chargés de trouver du travail à des demandeurs d’emploi, sans avoir les moyens ni la possibilité de maîtriser pleinement leur sujet. En effet, comment développer un réseau d’acteurs, mobiliser des aides, connaître le type d’emplois localement disponibles lorsque l’on a un contrat de travail de quelques mois ?

À ce sujet, le rapport parlementaire sur la performance comparée des politiques sociales en Europe souligne, à juste titre, que « le succès de l’accompagnement tient principalement à la pratique du conseiller, c’est-à-dire à sa bonne connaissance du bassin d’emploi local […] ; sa capacité à mobiliser des aides utiles pour le demandeur d’emploi […] ; sa connaissance des prestations d’aides au retour à l’emploi et de leurs effets ; sa relation avec le demandeur d’emploi. »

Les compétences et le savoir-faire des conseillers de Pôle emploi sont donc l’une des clés d’un service public de l’emploi performant. Or toutes les qualités requises s’acquièrent et se développent grâce à l’expérience accumulée au fil de l’exercice du métier, expérience dont ne bénéficient pas, du fait de leurs conditions d’emploi, les salariés des entreprises privées de placement.

Toutefois, les effets positifs du savoir-faire des personnels de Pôle emploi sont contrariés, on le sait, par le manque de moyens. Cette situation est largement exploitée par les opérateurs privés à la recherche de marchés publics, qui ont tout intérêt à décrier le service public, qualifié parfois d’« inefficace », de « trop cher » ou d’« inadapté », même si ces agences privées peinent à convaincre en raison de leurs résultats pour le moins mitigés.

D’ailleurs, de récentes affaires ont mis en lumière le manque de sérieux de ces opérateurs privés, qui ont parfois défrayé la chronique. Ainsi, l’entreprise C3 Consultants a été sanctionnée par l’État en raison de soupçons de fraude portant sur plusieurs marchés en Seine-Saint-Denis, notamment. La presse a également révélé que des entreprises privées ont dû fermer après avoir été sanctionnées par Pôle emploi pour ne pas avoir respecté le cahier des charges.

La pertinence du recours aux agences privées est donc loin d’être démontrée. C’est pourquoi nous regrettons que, par une délibération de février 2014, le conseil d’administration de Pôle emploi ait adopté le principe d’un changement d’orientation stratégique majeur pour 2015 : « Les demandeurs d’emploi les plus éloignés du marché du travail, qui constituaient les publics souvent confiés aux opérateurs privés, ne se verront plus proposer d’accompagnement externalisé, mais un accompagnement renforcé dans le cadre interne de Pôle emploi ; en sens inverse, une nouvelle prestation serait créée dans le but de sous-traiter au secteur privé l’accompagnement des demandeurs d’emploi les plus autonomes. »

Pour notre part, nous estimons que le marché de l’emploi n’est pas un marché comme un autre et qu’un gouvernement de gauche devrait avoir à cœur de remettre en cause les choix politiques arrêtés au travers de la loi de 2005 et, par conséquent, refuser de ratifier cette convention. Aussi nous étonnons-nous, monsieur le secrétaire d’État, que le Gouvernement s’empresse de demander au Parlement d’adopter un projet de loi autorisant cette ratification, alors même que d’autres conventions, plus favorables aux salariés, restent malheureusement dans les tiroirs.

Pour toutes ces raisons, nous voterons contre ce texte, qui conforte les entreprises privées de placement de demandeurs d’emploi, alors qu’il faudrait, au contraire, renforcer le service public de l’emploi. »

La loi autorisant la ratification de la convention 181 de l’OIT a été votée, puis promulguée au journal officiel du 14 mars 2015 (Loi n° 2015-278 du 13 mars 2015).

Retenez bien la date du 9 juillet 2015 !

Aujourd’hui, 29 avril 2015, la Direction Générale de Pôle Emploi a présenté au Comité Central d’Entreprise (CCE) le dossier Qualité de Vie au Travail.

Un des deux documents à l’appui de cette présentation nous donne une information sur un autre chantier, celui de la performance comparée : il sera présenté au CCE du 9 juillet.

La CGT Pôle Emploi Lorraine alerte sans relâche depuis fin 2012 sur la performance comparée, alias mise en concurrence des agences, des équipes et des conseillers, alias classement mensuel, alias pilotage par les résultats.

Ce chantier, repoussé à plusieurs reprises (2013, 2014) devient réalité en 2015. Il est la clé de voûte de la convention tripartite et du plan stratégique. Il vise à changer notre rapport aux usagers travailleurs précaires et/ou privés d’emploi. Après trois ans de préparation, tout est prêt : les tableaux de bords à tous les niveaux, le comptage des DPAE dans les portefeuilles…

L’indicateur numéro un de la nouvelle convention tripartite a été simplifié par rapport à la précédente pour démarrer la course mensuelle aux « reprises d’emploi » (comprendre DPAE d’un mois et plus et passages en catégorie C) dans chaque portefeuille.

– concurrence externe sur la base de ce critère frelaté entre Pôle Emploi et les Opérateurs Privés de Placement ;

– Concurrence interne généralisée à tous les niveaux. sur la base de ce même critère frelaté ;

Jusqu’ici les directions, à tous les niveaux, ont été extrêmement discrètes sur le sujet. La seule annonce est la répartition des agences en sept groupes au profil suffisamment homogène pour pour pouvoir être comparées entre elles.

Tout indique que les choses iront très vite après le passage en CCE le 9 juillet !

Si vous ne voulez pas être pris par surprise, n’attendez pas pour vous informer !

Le site de la CGT Pôle Emploi Lorraine est très bien documenté sur le sujet (tags : "classement mensuel", "benchmarking", "performance comparée")

Un agent averti en vaut deux !

Bernard Adrian, élu CGT au CE PE Lorraine, suppléant au CCE

Salariés en emploi, précaires ou privés d’emploi, nos intérêts sont les mêmes face au patronat

Ce tract de l’UD CGT Meuse évoque le classement mensuel des conseillers emplois.

Rappel : le premier indicateur de résultats institués par la convention tripartite de 2011 est le « taux mensuel de sorties vers l’emploi durable ». Durable dans ce contexte signifie « contrat de 6 mois ou plus ». L’apparition des DPAE dans les dossiers permet d’automatiser le calcul.

Selon la direction générale le classement mensuel en fonction du « taux mensuel de sorties vers l’emploi durable » sera effectué au niveau des équipes.

Sauf que les REP n’auront pas d’autre choix pour « améliorer » le taux de sortie de leur équipe que de repérer les conseillers ayant le plus mauvais taux et de les « inciter » à imiter ceux qui ont des bons résultats.

Il s’agit donc bien en réalité d’un classement mensuel des conseillers, la direction générale se défaussant sur les REP pour faire le « sale boulot » de comparaison mensuelle entre les conseillers.

Mise au point suite à l’article de LOR’Actu

Le site LOR’Actu vient de publier un article titré « En Lorraine la CGT dénonce le financement de vigiles à Pôle Emploi »

Ce titre est inexact.

L’article de LOR’Actu fait référence à celui que nous avons publié hier et qui est intitulé « Pôle Emploi préfère financer des vigiles plutôt que d’informer les privés d’emploi », notre article faisant référence aux dispositions prises par les directions générale et régionale dans le cadre de l’application des nouvelles dispositions de la convention d’assurance chômage.

La présence de vigiles est incontournable dans certains cas : en particulier quand une personne sort de Pôle Emploi et menace de revenir avec une arme, ce qui arrive parfois malheureusement.

Notre publication d’hier dénonçait non pas le financement de vigiles dans l’absolu, mais bien la préférence donnée par les directions à cette solution plutôt qu’à une information préventive à l’attention des personnes inscrites à Pôle Emploi sur les nouvelles règles de cumul salaire-allocation.

En effet le manque d’information préventive va conduire un grand nombre de personnes concernées par ce cumul à constater a posteriori une baisse de revenu dont il aurait été plus correct qu’elles soient prévenues avant le 1er octobre pour éventuellement en tenir compte dans l’acceptation ou non de missions d’intérim au cours du mois d’octobre.