Loi travail XXL : En Marche… vers la précarité

D’après Laurence Parisot, (ex-présidente du Medef), « la vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? »

La précarité, le Medef en rêve, la CGT la combat !

Pour faire simple, avec le projet de réforme du droit du travail, les salariés enchaineraient les contrats précaires, seraient licenciés au bon vouloir de l’employeur et ne seraient pas ou peu indemnisés de leurs licenciements.

C’est sûr qu’ils vont devoir libérer de l’énergie pour survivre et chercher du travail en permanence !

Sur les 25,8 millions d’emplois que compte la France, 3,4 millions de personnes ont un statut précaire. Il s’agit principalement de contrats à durée déterminée (7,5 % du total des emplois) et des intérimaires (2 %). Ces données de l’Insee oublient l’emploi à temps partiel et n’intègrent pas les précaires non-salariés, dont une partie, surtout la moins qualifiée, est soumise aux aléas des contrats au jour le jour. Elles masquent aussi le fait que, malgré leur contrat à durée indéterminée, une partie des salariés les moins qualifiés, notamment dans les PME, sont peu protégés des fluctuations économiques.

La précarité se développe sur le long terme avec une détérioration globale des conditions d’emploi accentuée par les différentes lois flexibilisant le marché du travail (loi de 2008 portant modernisation du marché du travail, celle de 2013 sur la sécurisation de l’emploi, les lois Macron, Rebsamen relatives au dialogue social, El Khomri). Cette précarisation de l’emploi met à mal nos régimes de retraite et le financement de la protection sociale. Elle frappe toutes les catégories d’âges, mais encore plus fortement les jeunes.

Plus de la moitié des 15 à 24 ans ont un emploi précaire en 2014, contre 17 % au début des années 1980. Pour les 25-49 ans, le taux est passé de 3 à 10 %.

8 recrutements sur 10 se font aujourd’hui par CDD, de plus en plus courts. Pour les jeunes, notamment peu qualifiés, l’emploi précaire est devenu un sas d’entrée dans l’emploi, dans bien qu’une partie y reste enfermée un grand nombre d’années. L’âge moyen d’accès au premier CDI est passé en quinze ans de 22 ans à 27 ans, alors que le nombre d’années d’études a eu tendance à décroître [rapport loi travail 2016 – commission des affaires sociales.

La précarisation massive de l’emploi, la dégradation des conditions de travail, l’accroissement des inégalités sociales et des revenus traduisent mieux que tout discours l’importance du changement de société qui est en train de se produire. Depuis quelques années, la précarité envahit peu à peu la vie quotidienne des Français. Elle s’est insinuée dans les domaines jusqu’alors considérés comme les bases de la cohésion sociale : l’emploi, l’école, le logement, la famille, qu’elle a radicalement contribué à transformer.

Pour les précaires, c’est la « vie au fil des jours », d’une semaine sur l’autre, sans pouvoir faire de projets. C’est l’impossibilité de construire son avenir, d’avoir par exemple une maison, de pouvoir fonder une famille, d’accéder à l’autonomie en devant toujours compter sur le soutien moral et financier des parents et de l’entourage. C’est l’accès au crédit impossible car sans certitude de pouvoir rembourser les traites. C’est encore être contraint de faire les boulots que les autres ne veulent pas faire, être cantonné à une « variable d’ajustement », avec pour horizon le travail jusqu’au bout sans pouvoir penser à la retraite.

Il faut maintenant admettre que la précarité représente une menace réelle pour la santé, non seulement des catégories sociales les plus défavorisées, mais également (même si cela est encore difficile à évaluer avec précision) , de tous ceux qui, théoriquement plus favorisés, doivent aujourd’hui vivre et travailler dans des conditions sans rapport avec leur qualification et le niveau de vie qu’ils étaient encore en droit d’espérer il y a seulement quelques années. À terme, c’est une proportion considérable de la population qui pourrait voir sa santé menacée par ces processus massifs de précarisation, de dégradation des conditions de travail et de la diminution de la solidarité nationale.

Pour la CGT, il faut simplifier le contrat de travail en généralisant le CDI. Cela permet de sécuriser le salarié. C’est bon aussi pour l’économie et l’entreprise qui disposent ainsi de travailleurs mieux insérés dans les collectifs de travail en capacité de transmettre les savoir-faire, gages d’une meilleure production.

Loi travail XXL : la volonté de généraliser le contrat de chantier

Prétendument liée aux nouveaux métiers, cette mesure préfigurerait la fin du CDI pour tous. Le patronat en salive ! Utilisé notamment dans le BTP et par 400 entreprises de l’ingénierie (branche Syntec-Ingénierie), ce type de contrat de travail ultra souple pour l’employeur n’a de CDI que le nom. Sa rupture au terme du chantier ou de la mission est prévue dès la signature. Nul besoin de passer par la case licenciement économique et c’est encore plus sûr juridiquement pour l’employeur que le CDD, dont l’utilisation est encadrée par la loi. C’est le retour assuré pour le salarié à la case départ chômage, sans recevoir au passage le paiement de la prime de précarité !

LUTTER CONTRE LA PRÉCARITÉ LA CGT PROPOSE:

  • pas de rémunération en dessous d’un Smic à 1 800 €, brut avec la reconnaissance des qualifications dans les grilles de salaires ;
  • seuil d’embauche correspondant aux qualifications attachées au diplôme ;
  • sur-taxation des contrats courts pour lutter contre l’inflation des contrats courts et précaires ;
  • reclassement du salarié à la fin d’un CDD sur un poste disponible dans l’entreprise de nature à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes ;
  • maintien du contrat de travail entre deux emplois. Il s’agit de dégager le salarié de l’insécurité sociale générée par le système d’indemnisation du chômage qui peut le rejeter durablement dans l’exclusion économique et sociale.

 

Montreuil, le 6 juillet 2017

 

Face à cette attaque contre le monde du travail, toutes et tous en grève le 12 septembre 2017 !

Loi Travail : nous serons également impactés – communiqué de presse intersyndical

Loi travail

Communiqué de presse CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL

Le gouvernement a présenté le 11 avril dernier, des mesures importantes en faveur des jeunes (Aide à la Recherche du Premier Emploi, surcotisation des CDD, amélioration de la rémunération des apprentis, revalorisation des bourses, prolongation du droit aux bourses, création de places en BTS….). Pour les organisations CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL ces annonces sont le fruit des fortes mobilisations des jeunes, à l’appel des organisations lycéennes et étudiantes au côté des salariés. Elles répondent aux revendications portées de longue date par les organisations de jeunesse. Les organisations seront particulièrement vigilantes sur la mise en œuvre de ces mesures pour améliorer la formation et l’insertion à l’emploi des jeunes.

Pour autant, le désaccord sur le projet de loi reste entier. Et le 9 avril a permis à des milliers de personnes de toutes catégories sociales n’ayant pu se mobiliser jusqu’ici de s’inscrire dans le mouvement. L’opinion publique soutient cette mobilisation et de nombreuses initiatives se multiplient au niveau local. Le gouvernement doit poursuivre dans la voie du dialogue amorcé avec les organisations de jeunesse. Il doit aussi écouter les organisations de jeunesse et de salariés qui restent toujours opposées à la loi Travail.

Les organisations signataires rappellent une nouvelle fois que les pouvoirs publics doivent garantir le droit à manifester, à se réunir, à s’organiser tout en assurant la sécurité des manifestants.

Depuis plus d’un mois, les étudiant-es, lycéen-nes, salarié-es, privé-es d’emploi et retraité-es sont mobilisés pour exiger le retrait du projet de loi Travail en discussion au parlement. Le droit du travail doit aujourd’hui prendre en compte nombre d’enjeux (évolution technique et technologique, émergence de nouvelles technologies d’information et de communication, du numérique, transition écologique, évolution des besoins de la population…) et en mesurer les transformations induites sur le travail. L’enjeu est offrir des garanties et des droits en conséquence aux salariés des secteurs privé et public.

A terme, cette remise en cause de pans entiers du Code du travail risquerait d’avoir aussi des conséquences sur le statut de la Fonction publique alors que les agents vivent déjà des situations dégradées.

Les organisations syndicales dénoncent l’entêtement du gouvernement à maintenir son projet de loi Travail. Il doit les recevoir et entendre les revendications des salariés : emploi, salaires et pensions, temps de travail, protection sociale, garanties collectives, conditions de travail, égalité professionnelle femme/homme, santé au travail, médecine du travail, formation permettant des créations d’emplois stables et de qualité, droits et libertés syndicales… des propositions porteuses de progrès social et correspondant à la réalité du travail d’aujourd’hui et de demain.

Car dans un contexte de crise aggravé par une politique d’austérité, lutter contre la flexibilité, contre la précarisation des emplois est une nécessité.

Les organisations syndicales (CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL) appellent l’ensemble des salarié-es, privé-es d’emploi, étudiant-es, lycéen-nes, retraité-es à se mobiliser à nouveau par la grève et à participer massivement aux manifestations le 28 avril prochain.

Dès à présent, elles appellent à l’organisation d’assemblées générales dans les entreprises et administrations pour assurer le succès de cette journée et décider de la poursuite de l’action pour obtenir le retrait de la loi et l’obtention de nouveaux droits.

Elles se saisiront du 1er mai, pour donner à cette journée de solidarité internationale, un caractère particulier en pleine mobilisation contre le projet de loi Travail.

Les Lilas 14 avril 2016

 

Pour accéder au communiqué de presse, cliquez sur l’image ci-après :

communiqué-logo

Protection Sociale

En France la protection sociale et son pilier fondamental la Sécurité Sociale ont permis des progrès sociaux considérables en espérance de vie, en qualité et en sécurité de vie. Les Français perçoivent à juste titre la Sécurité Sociale comme leur premier acquis social.

Or aujourd’hui, nous sommes à un tournant de l’histoire de notre système. En effet, les droits les plus élémentaires ne sont aujourd’hui plus accessibles à un grand nombre de nos concitoyens : 
-un tiers de la population renonce à des soins,
-la moitié des jeunes pense qu’ils n’auront pas de retraites,
-4,5 millions de personnes sont sans emploi et parmi elles seulement 2,8 millions perçoivent des indemnités chômage,
-8 millions de salariés sont pauvres,
-8,5 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté,
-3,6 millions de personnes sont non ou mal logées dont 600 000 enfants,
-75% des personnes pauvres. ont moins de 25 ans….

Face à ces situations et pour toutes ces raisons, la CGT entend mener une reconquête de la protection sociale pour transmettre aux générations futures une Sécurité sociale qui reste toujours une référence pour les salariés des pays qui ne la possèdent pas.