Dans son « Indice des droits dans le monde », la Confédération syndicale internationale pointe les régressions de la France en matière de droits des travailleurs, dans un monde de plus en plus hostile aux syndicats
Et pour cause, la France fait partie des 69 États, parmi les 149 étudiés par la principale confédération syndicale de la planète, à avoir procédé à des arrestations et des détentions jugées « arbitraires » entre avril 2022 et mars 2023.
Comme en 2022, Paris est accusé de violations « répétées » des droits des travailleurs. « Quand vous souhaitez modifier une loi qui concerne les travailleurs, et la réforme des retraites en est un exemple, la moindre des choses qu’on puisse attendre est le dialogue », affirme le secrétaire général de l’organisation, Luc Triangle. Or, selon lui, les syndicats ont été « ignorés ».
Mieux qu’ailleurs
Mais le classement de la France reste comparativement avantageux. Le Royaume-Uni est ainsi épinglé pour des violations « systématiques » des droits, dans un monde où 87 % des États enfreignent le droit de grève.
Liberté d’expression, de réunion ou d’association, dialogue social : les atteintes aux principaux droits des travailleurs mondiaux se maintiennent à « des niveaux record », s’alarme la Confédération, qui revendique 338 syndicats affiliés, implantés dans 168 pays et territoires.
La CSI est particulièrement préoccupée par la situation en Équateur et en Tunisie, deux États qui intègrent la liste annuelle des « dix pires pays pour les travailleurs ».
À l’inverse, la Colombie et le Brésil, où la présidence a basculé début 2023 de l’extrême droite, incarnée par Jair Bolsonaro, à la gauche représentée par Lula, sortent de la liste des dix pires pays. La situation des travailleurs en Amérique latine n’en demeure pas moins catastrophique : 18 des 19 syndicalistes assassinés à travers le monde en 2022-2023 (deux de plus qu’en 2021-2022) y ont perdu la vie.
Grandes entreprises dans le viseur
En plus des autorités publiques, la CSI dénonce comme chaque année une série de grandes entreprises (ou leurs branches locales) « qui ont violé les droits des travailleurs, sont liées à une violation de ces droits ou ne se sont pas servies de leur influence pour y remédier ».
Figurent notamment dans la liste Amazon (États-Unis), Apple (Australie), Deliveroo (Pays-Bas), Ikea (Pologne), Ryanair (Espagne), Starbucks (États-Unis), Stellantis (Pologne) ou encore Uber (Pays-Bas).
Quinze entreprises ayant enfreint les droits des travailleurs ont bénéficié de « plus d’un milliard d’euros » de financements européens, s’est indignée vendredi la Confédération européenne des syndicats (CES). Ryanair aurait à elle seule reçu 962 millions d’euros, Amazon 29,5 millions et Ikea 28,7 millions.