Nouveau patron, vieilles recettes libérales…
Le Medef a donc préféré le patron du fonds d’investissement Notus Technologies, fondateur de « The Phone House » et Virgin Mobile, à son concurrent Alexandre Saubot, dirigeant du groupe industriel Haulotte et ancien négociateur social du Medef. Diplômé de l’Essec, Geoffroy Roux de Bézieux a été élu avec 55,8 % des suffrages. Il avait déjà brigué, en 2013, la présidence du Medef avant de se ranger derrière Pierre Gattaz, qui l’avait alors nommé vice-président de l’organisation chargé du pôle économie, et en particulier de la fiscalité et du numérique. Avant de se déclarer candidat, Roux de Bézieux (55 ans) présidait l’assurance chômage.
Si la presse a volontiers mis en avant son passé militaire dans les commandos et sa passion pour le rugby, c’est sans doute pour ne pas évoquer trop directement une « brutalité assumée » que lui connaissent des négociateurs syndicaux qui ont eu l’occasion de le croiser dans les négociations de l’assurance chômage. Assurément un profil très différent de son concurrent, réputé courtois et prêt au dialogue. C’est ainsi que Alexandre Saubot, ex-patron de la puissante fédération de la métallurgie et de l’industrie UIMM et ancien négociateur « social » du Medef avait accepté, avec un certain courage, de venir débattre au forum social de la fête de l’Humanité 2017 avec Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT. Rugueux, Geoffroy Roux de Bézieux (GRB) n’est « pas vraiment dans le dialogue social. (…) En mettant en avant la nouvelle économie, ça lui donne un style plus flamboyant, plus moderne. Mais c’est un coup de com’, la nouvelle économie dans le Medef, ça ne pèse rien. » confiait au Figaro le DRH d’un grand groupe.
« Serial entrepreneur » et héritier libéral
Libéral pur jus, Roux de Bézieux se présente volontiers comme un « militant patronal » ou encore un « serial entrepreneur » tout en se revendiquant — en même temps – partisan de « l’éthique » dans l’entreprise. S’il est encore trop tôt pour savoir quelle stratégie GRB va impulser au Medef, on sait déjà que l’homme sera, sur le fond, le digne héritier d’un patronat de combat. Dans la droite ligne d’un Pierre Gattaz qui conditionnait ses promesses de création d’emplois (on se souvient du badge Un million d’emplois !) à de substantiels cadeaux fiscaux et qui n’avait de cesse de faire du lobbying auprès des gouvernements pour mettre à mal le Code du travail et les droits des travailleurs. En ce sens, une grande partie du travail est déjà mâché au nouvel arrivant. Parions que la remise en cause du paritarisme et les retraites feront partie des premiers dossiers sur lesquels le boss de l’avenue Bosquet voudra se faire les dents.