Rebelote! Macron a annoncé pour l’automne une nouvelle « négociation » sur l’assurance chômage. L’issue de ces discussions est prévue pour décembre ou février, en vue d’une application vers juin 2019. « Quize jours avant cette annonce, le ministre du travail n’était même pas prévenu! C’est symptomatique de la concentration des pouvoirs à l’Elysée » tacle Denis Gravouil, négociateur CGT. Et pourquoi remettre le couvert, alors qu’il s’agit de la troisième négociation sur le sujet en deux ans ?
En effet, depuis la réforme Pénicaud, l’exécutif a mis en partie la main sur le dispositif en soumettant un « document de cadrage » préalable aux négociations. Un texte qui fixe aux « partenaires sociaux » une trajectoire financière et des objectifs. Une méthode qui a irrité, entre autres, le patronat. Mais qui n’est pas non plus une bonne nouvelle pour les demandeurs d’emploi, au regard des orientations de l’actuel gouvernement. « On va nous demander de baisser encore les droits des chômeurs » pronostique Denis Gravouil.
Au menu de la lettre de cadrage à venir figurera notamment la remise en cause de l’indemnisation des chômeurs en activité réduite et celle des cadres à hauts revenus (retour à la dégressivité pour eux ?). Quant à la lutte contre le recours à la précarité, symbolisée par un hypothétique bonus-malus sur les cotisations chômage, « le Medef refusant une hausse du coût du travail, on peut parier que la montagne va accoucher d’une souris » avertit Denis Gravouil, qui garde en tête les promesses de Macron sur l’indemnisation des démissionnaires et des indépendants. Une tartufferie aux yeux du syndicaliste. Edictées dans la loi avenir professionnelle du 1e août 2018, les conditions d’éligibilité à l’assurance chômage sont en effet si restrictives pour ces catégories qu’elles ne concernent au final que très peu de personnes. Cerise sur le gâteau, aucun financement spécifique n’est prévu à cet effet.