La CGT a tenu son 53e congrès du 27 au 31 mars à Clermont Ferrand, dans un contexte de luttes contre la réforme des retraites.
942 délégué.es représentaient les syndicats CGT des entreprises et services publics de toute la France.
Moment démocratique essentiel du syndicat, les délégué.es ont débattu du bilan d’activité et financier de la mandature écoulée.
Ils ont travaillé sur le document d’orientation, feuille de route de la CGT pour la mandature qui s’ouvre.
Après plusieurs mois d’échanges dans les syndicats, la CGT s’engage à construire un syndicalisme de rupture sociale pour lutter contre les politiques libérales et financières et gagner de nouveaux droits, à développer ses forces et son audience électorale, pour élever et élargir le rapport de force.
Le document a été voté à 72,79%. Après l’intégration des amendements, il sera publié dans les prochains jours.
Enfin les délégué.es ont élu la nouvelle direction composée de 66 membres et sa nouvelle secrétaire générale, Sophie Binet.
Cette direction assurera la conduite de l’action de la CGT dans le cadre des orientations du congrès.
Jusqu’alors secrétaire générale de la Fédération des cadres (Ugict), cette ancienne conseillère principale d’éducation est la première femme à diriger la centrale cégétiste depuis sa création.
Sophie Binet, née en 1982, est une ancienne conseillère principale d’éducation (CPE), qui a exercé à Marseille entre 2008 et 2009 puis au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) de 2009 à 2013, avant d’être détachée pour ses responsabilités syndicales. Elle est, depuis 2018, à la tête de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT (Ugict). Elle a également milité au PS.
Mais son engagement à gauche est plus ancien : elle a ainsi été vice-présidente de l’Unef au milieu des années 2000 et a participé à la lutte du syndicat étudiant, historiquement proche du Parti socialiste, contre le contrat première embauche (CPE), en 2006. « Elle était alors chargée des questions universitaires », se souvient auprès de franceinfo la militante féministe Caroline De Haas, devenue son amie. Les deux femmes poursuivent leur engagement dix ans plus tard, au moment de l’opposition à la loi Travail du gouvernement de Manuel Valls. « C’était une expérience incroyable, notre duo avait hyper bien fonctionné. On avait élaboré le contenu d’un site opposé à la loi en 48 heures, moi avec la casquette communication, elle sur le fond et la technique du sujet », détaille Caroline De Haas.
Diplômée de philosophie, Sophie Binet est aussi la coautrice du livre Féministe, la CGT ? Les femmes, leur travail et l’action syndicale, publié à l’automne 2019 aux éditions de l’Atelier. C’est sur ce thème qu’elle a plusieurs fois attaqué le gouvernement lors de la contestation contre la réforme des retraites, accusée d’« instrumentaliser la cause des femmes », selon ses propos au magazine Politis.
Mais Sophie Binet se démarque également du logiciel historique de la CGT avec d’autres sujets, comme l’écologie. « Elle s’est aussi beaucoup intéressée aux questions de télétravail, une thématique qui permet de renouveler les grilles d’analyse du syndicat », relève Dominique Andolfatto. « Sa fédération insiste beaucoup sur la nécessité pour la CGT de s’ouvrir au-delà du salariat de l’exécution, expliquait avant le vote Karel Yon, sociologue du syndicalisme. La CGT n’est pas très implantée auprès des ingénieurs et cadres, contrairement à la CFDT qui a des résultats assez homogènes dans les différentes classes de salariés. L’Ugict a porté attention à ce que pouvaient apporter les réseaux sociaux pour s’adresser à des catégories nouvelles du salariat. »