NOUVELLE DÉGRADATION EN MAI AVEC 24 800 CHÔMEURS DE PLUS
Chômage : les raisons d’une terrible spirale
La courbe du chômage poursuit son ascension malgré les dispositifs publics aux résultats inégaux et incertains. En plus d’une croissance atone, la France souffre de handicaps structurels bloquant le renversement de tendance.
La hausse est encore plus marquée en incluant les demandeurs d’emploi exerçant une petite activité : +34 300 en mai. Leur nombre total est de 5,02 millions (hors l’Outre-mer).
En deux ans, l’établissement public a enregistré 465 000 nouveaux chômeurs. « Les chiffres sont mauvais, mais il n’y a pas de fatalisme », commente le Premier ministre Manuel Valls, obligé de constater que les dispositifs publics ne suffisent pas.
Davantage d’emplois jeunes
Le gouvernement a prévu une rallonge de 45 000 emplois d’avenir pour les jeunes pas ou peu diplômés. Même si contrairement à l’époque des emplois-jeunes du gouvernement Jospin, les collectivités locales n’ont plus le moyen de signer les contrats à tour de bras, le dispositif est à ce jour celui qui amortit le plus la hausse.
Flop du contrat de génération
La hausse préoccupante du chômage des seniors confirme l’échec de cette mesure qui octroie des aides à l’embauche de jeunes en CDI en échange du maintien d’un senior (4 000 euros pendant trois ans par duo). En mars 2013, 75 000 contrats avaient été budgetisés. Fin mars 2014, on approchait à peine du cap de 20 000. « Les entreprises ne tiennent pas à recruter en CDI et les seniors ont toujours envie de quitter le travail le plus tôt possible », constate l’Unedic, pointant une flambée des ruptures conventionnelles chez les 56-60 ans (25 % des nouveaux chômeurs de cette tranche d’âge). Les conditions de ce dispositif de séparation à l’amiable d’un employeur et d’un salarié ont été durcies à partir du 1er juillet pour éviter de le transformer en préretraite déguisée. Le chômage des seniors affiche +13 % en un an.
Pas d’impact du CICE
Le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) a permis aux entreprises de reconstituer de la trésorerie mais ne les pousse pas à embaucher. Il devient significatif dans les entreprises qui comptent beaucoup de bas salaires. Or l’industrie de main-d’œuvre et la grande distribution ne recrutent pas.
Doutes sur le pacte
Le pacte de responsabilité, cet échange de baisses de charges contre des créations d’emplois, ne produit pas encore ses effets. Ils sont en outre très incertains. 500 000 emplois sur trois ans dit le gouvernement, 190 000 contredit la rapporteuse du budget à l’Assemblée Valérie Rabault (PS) qui estime à 290 000 le nombre d’emplois détruits par les 50 milliards d’économies à venir !
Pas assez de croissance
« La croissance est trop plate » résume le ministre des Finances Michel Sapin L’Insee prévoit 0,7 % en fin d’année. Or la France crée des emplois à 1,5 % quand l’Allemagne a besoin de 0,8 % et l’Espagne de 0,6 %. Trois phénomènes paralysent la courbe :
– La démographie dynamique apporte 116 000 nouveaux entrants sur le marché cette année et le nombre de sortants baisse du fait de l’allongement de l’âge légal pour la retraite.
– Le secteur du bâtiment, qui lui recruterait à partir de 0,4 %, est en récession.
– Le sureffectif affecte encore de nombreuses entreprises (250 000 postes en septembre 2013 selon l’OFCE). En témoignent PSA qui a ouvert hier un nouveau plan de départs volontaires après les 8 000 suppressions depuis 2012, les 3 000 départs programmés chez Air France ou les 7 000 départs non remplacés à La Poste depuis deux ans. Banque assurance, commerce, transport ne seront pas en mesure de promettre des emplois dans le cadre du pacte. Dans le public, les collectivités locales, anticipant les baisses de dotation, ne remplacent plus les néoretraités. Les raisons d’être optimiste sont donc rares.