Assurance chômage : le tour de vis du gouvernement

Dans la lettre de cadrage destinée aux syndicats et au patronat, le gouvernement dit vouloir économiser entre 3 et 3,9 milliards d’euros d’ici à trois ans sur l’assurance chômage.
C’est le troisième acte des grandes réformes sociales du gouvernement. Après les ordonnances réformant le Code du travail et la loi sur l’avenir professionnel qui vient d’être promulguée, place, désormais, à la réforme de l’assurance chômage. A l’issue d’une réunion de deux heures et demie avec les partenaires sociaux, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé le 21 septembre que le gouvernement comptait réaliser entre 3 à 3,9 milliards d’euros sur trois ans dans le cadre de cette réforme.

Quatre règles dans le collimateur
Dans l’attente de la lettre de cadrage qui doit être envoyée aux syndicats et au patronat, la ministre du Travail a présenté les quatre règles de l’assurance chômage qui sont dans le collimateur de la réforme.
-Premier point : la règle des droits rechargeables qui permet à une personne qui retrouve un contrat précaire de continuer à toucher plus longtemps des indemnités.
-Deuxième moyen de faire des économies : réviser la règle du « salaire journalier de référence » qui détermine l’ensemble des versements attribués au chômeur.
-Troisièmement, le gouvernement veut s’attaquer à la règle de « l’activité conservée » qui permet aux travailleurs précaires de toucher à la fois un salaire et une allocation.
-Enfin, le gouvernement envisage de mettre en place une dégressivité des aides pour les travailleurs « les plus qualifiés » qui retrouvent plus facilement du travail que les autres.

On ne négocie plus, on consulte
Le gouvernement a enjoint syndicats et patronat de négocier pour réaliser 3,6 milliards d’euros d’économies sur l’assurance chômage. Cette injonction en dit long sur la conception macronienne du dialogue social.
Macron violente ceux qu’il aime appeler les partenaires sociaux. Il s’invite à la table de l’assurance chômage et dicte l’ordre du jour et l’issue.
Avec Macron on ne négocie plus, on consulte. On apprend par la presse dans le Journal du Dimanche ce que le premier ministre annoncera dans la semaine suivante aux syndicats qu’il a convoqué l’un derrière l’autre pour des bilatérales. Macron n’aime pas les corps intermédiaires et il se croit légitime et assez puissant pour « corneriser » les syndicats.
Mais Macron n’a pas été élu pour exiger ces coups de serpe dans la protection sociale contre le chômage. Cela ne figurait pas dans son programme. C’est donc une accélération à laquelle on assiste. La triplette Macron-Philippe-Lemaire s’est mise en tête de faire contribuer l’assurance chômage à la réduction des déficits publics. Ils veulent rembourser la dette en taillant dans les filets de sécurité. C’est socialement injuste car l’assurance chômage est relativement équilibrée comme l’assure par exemple Eric Heyer, économiste à l’OFCE sur France Info : « On atteint l’équilibre avec 9 % de chômage. S’il y a une dette, c’est lié à l’État : l’Unedic doit financer la politique de l’emploi et verse donc chaque année plus de 3 milliards d’euros à Pôle emploi ».
Ces mauvaises manières de l’exécutif n’exonèrent évidemment pas le Medef de ses responsabilités dans la faillite du dialogue social. Il en est le principal bénéficiaire. Le patronat est expert dans l’art de faire trainer les négociations, les bloquer par des oukases ou des manœuvres dilatoires.

Un accueil glacial des syndicats
Les syndicats se laissent du temps pour décider s’ils participeront ou non aux négociations. S’ils acceptent de s’asseoir autour de la table, ils auront quatre mois pour négocier la nouvelle convention Unedic.
Mais la lettre de cadrage a reçu un accueil glacial.

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